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Lettre d’information >>> n°8OCTOBRE 2018

En plein chantier de rénovation, le site Richelieu continue d'accueillir lecteurs et visiteurs. Si vous souhaitez accéder aux salles de lecture ou découvrir la partie rénovée du site, vous pouvez retrouver toutes les informations nécessaires ici.

Une question ? N’hésitez pas à consulter la rubrique Rénovation de Richelieu ou à nous contacter par mail à l’adresse suivante : projet-richelieu@bnf.fr

Journées européennes du patrimoine

Pour la deuxième année consécutive, la Bibliothèque nationale de France associée à l’Institut national d’histoire de l’art et à l’École nationale des chartes, a ouvert les portes du site Richelieu pour les Journées européennes du patrimoine, les samedi 15 et dimanche 16 septembre. À cette occasion, plus de 6 000 visiteurs ont pu découvrir ou redécouvrir les espaces rénovés du dibsite. Nouveauté cette année, des espaces d’ordinaire non accessibles au public ont été exceptionnellement ouverts à la visite : salon d’honneur, espaces patrimoniaux de travail. Des conservateurs y ont présenté des pièces exceptionnelles issues des collections de la BnF : coran mamelouk, manuscrit de Raban Maur et globe terrestre façon puzzle, estampes de Rembrandt, ou encore photographies des Nadar, avant-goût de l’exposition Les Nadar, une légende photographique qui ouvre le 16 octobre et Make it new. Conversations avec l'art médiéval. Carte blanche à Jan Dibbets, qui ouvrira le 5 novembre prochain.


La rénovation se poursuit

Le chantier bat son plein : près de 150 personnes travaillent dans la zone en travaux. Plusieurs planchers ont été démontés dans les parties non patrimoniales du bâtiment pour rendre possible la création de cages d’escaliers et d’ascenseurs ; ces aménagements permettront de fluidifier les circulations des publics et des personnels dans le site. Les travaux de réfection des toitures ont commencé sous les parapluies qui recouvrent les bâtiments : les éléments de la verrière extérieure de la salle ovale ont été déposés et l’ossature métallique est en cours de restauration, avant la pose de verres neufs.
Côté galerie Mazarine, le chantier-test s’est achevé à l’été 2017 (voir lettre n°5). Dans la continuité, les entreprises chargées de la restauration ont été sélectionnées. Les travaux de restauration proprement dits vont débuter à la fin du mois de septembre et devraient être terminés au printemps 2019.


La salle ovale fait peau neuve

Conçue dans les années 1890 par Jean-Louis Pascal et achevée par son successeur Alfred Recoura, la salle ovale est un espace emblématique du site Richelieu. D’une surface de 43 mètres sur 32, elle offre une hauteur de plafond de 18 mètres sous la verrière zénithale. Lors de son inauguration en 1936, elle gagne même le surnom de « paradis ovale » en raison de son magnifique volume ovoïde que supportent seize colonnes cannelées en fonte. La charpente de la salle est d’ailleurs entièrement portée par des structures métalliques. Entre la verrière et les arcades, on peut en outre admirer une élégante mosaïque décorée d’entrelacs de feuilles d’acanthe dorées, sur un modèle de Gustave Germain.

À l’issue des travaux, la salle ovale sera ouverte à tous en accès libre. Elle deviendra un espace ouvert où cohabiteront offres de lecture, de médiation et de visites. Côté lecture, un fonds de plus de 20 000 volumes sera proposé aux lecteurs et aux visiteurs qui pourront découvrir l’histoire des arts et du patrimoine, les collections spécialisées du site Richelieu (manuscrits, estampes, cartes et plans…) mais aussi la bande dessinée et les arts numériques. Pour chacun de ces domaines, une offre spécifique - livres et documents audiovisuels - sera proposée aux enfants et aux familles.
Côté médiation, les visiteurs pourront découvrir dans cette salle la richesse et la diversité des collections conservées par la Bibliothèque ; différents dispositifs numériques leur permettront en effet de manipuler des globes en 3D, de faire des essayages numériques de costumes de scènes, ou de retracer l’histoire d’un livre célèbre à travers ses brouillons manuscrits et ses différentes éditions…


FOCUS

Les cartes du Maître des Cartes à jouer

Les cartes du Maître des Cartes à jouer

Le Département des Estampes et de la photographie compte parmi ses trésors un ensemble exceptionnel d’une quarantaine de cartes à jouer gravées au burin vers 1440. Alors que la gravure sur bois apparaît dans la dernière décennie du XIVe siècle, ces feuilles constituent le premier exemple connu de gravure en taille-douce sur cuivre. Ce jeu, le premier gravé et répertorié, est également déterminant pour l’histoire de la carte à jouer, attestée en Occident à partir du dernier tiers du XIVe siècle.

Environ soixante-dix de ces cartes sont connues dans le monde ; la plupart sont parvenues jusqu’à nous en une impression unique. Outre la quarantaine de pièces conservées à la Bibliothèque nationale de France, une vingtaine se trouve au Kupferstich-Kabinett de Dresde. Elles sont déclinées selon cinq couleurs, ce qui atteste peut-être l’existence, à l’origine, de deux jeux distincts. Hommes et femmes sauvages, oiseaux, fleurs, ours et lions, cerfs et daims y sont représentés.

Chaque couleur se compose de cartes de points – de deux à neuf – et de figures – le roi, la reine, le valet supérieur et le valet inférieur. Le jeu a dû connaître un succès certain puisqu’il a fait l’objet de plusieurs éditions. On ne remarque aucune trace d’usure sur les estampes de la BnF ; il y a pourtant peu de raisons de douter qu’elles aient été produites pour servir de cartes à jouer. Le valet inférieur de fleur, rehaussé de peinture, atteste d’une pratique, sans doute courante à l’époque, qui permettait de rapprocher ces cartes gravées de l’esthétique des jeux peints, à la fois plus prestigieux et plus onéreux.

Ces planches d’une grande qualité d’exécution sont l’œuvre d’un maître resté anonyme, appelé par nom de convention « Maître des cartes à jouer ». Par rapprochement stylistique, on peut supposer que cet artiste était originaire du Rhin supérieur ou de la Suisse, entre Strasbourg, Bâle et Constance. Les correspondances avec la peinture strasbourgeoise des premières décennies du XVe siècle sont indéniables. En effet, Strasbourg joua un rôle important dans la production de cartes à jouer, ce qui pourrait plaider en faveur d’une origine strasbourgeoise. La ville s’impose en effet comme un centre très actif dans ce domaine et plusieurs cartiers s’y installent dès les années 1440. Ces feuilles sont en tout cas l’œuvre d’un artiste accompli, qui a connaissance des productions de ses contemporains et en a assimilé les leçons. Les correspondances avec l’art des artistes flamands et d’Italie du Nord de la première moitié du XVe siècle sont également fortes.

Ces cartes à jouer gravées ont rapidement circulé, servant de source d’inspiration aux artistes. Sans doute ont-elles été diffusées sous la forme de carnets de modèles à disposition des maîtres et des apprentis dans les ateliers. Les ours et les oiseaux des cartes de points se retrouvent ainsi dans les marges de manuscrits enluminés ou sur des pièces en céramique dès le milieu du XVe siècle.

Quelques-unes des plus belles cartes conservées par le département des Estampes et de la photographie seront exposées au musée de la BnF à la réouverture totale du site, en 2021.


3 questions à

à Olivier Chourrot, directeur de la mission de préfiguration de la direction des Publics

Pourriez-vous nous présenter en quelques mots les principales missions de la future direction des publics, une nouvelle direction à la BnF ?

Conquérir (ou reconquérir) des usagers représente l’un des enjeux majeurs de la BnF. Les principales orientations de cette politique des publics figurent d’ailleurs au contrat d’objectifs et de performance 2017-2021. Mais plus concrètement, la BnF souhaite élargir et diversifier ses publics en rendant ses collections et son patrimoine plus accessibles et attractifs. Notre objectif est bien sûr d’augmenter la fréquentation, mais aussi de faire évoluer sa relation avec le public de façon que chacun trouve à la BnF une proposition qui lui soit adaptée.

Entre 2015 et 2017, une mission Développement des publics-marketing a d’ores et déjà réfléchi, avec l’ensemble des directions concernées, à des mesures clés pour le développement des publics : la réforme tarifaire, la clarification des conditions d’accès aux bibliothèques de recherche et la mise en place d’un logiciel de CRM (Customer Relationship Management) nous permettant de recueillir les préférences de nos usagers afin de mieux cibler nos actions à leur égard. Ces premiers pas en appelant d’autres, la BnF a rapidement réfléchi à la création d’une direction des Publics dont il a fallu préciser les missions et les périmètres :

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Contribuer à définir et mettre en application la politique de développement des publics (politique de services, politique tarifaire, promotion externe de la BnF, amélioration des relations avec les usagers…) ;
concevoir et réaliser les actions de médiation destinées à des publics spécifiques (scolaires et enseignants, enfants, jeunes, familles, retraités, touristes, professionnels et créateurs d’entreprises, publics et groupes variés notamment issus du champ social…) ;
piloter l’ensemble des dispositifs d’accueil, d’information, d’orientation, d’inscription des usagers et de vente des titres d’accès.

Quelle est votre vision sur les enjeux du projet Richelieu, en particulier l’ambition d’ouvrir le site à un large public en 2021 ?

Le site Richelieu, dont la rénovation est en partie achevée, a rouvert il y a près de deux ans. Il s’organise aujourd’hui autour de trois bibliothèques, celle de la BnF bien sûr mais aussi celle de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et celle de l’École nationale des chartes (Enc). La synergie de ces trois établissements en fait un lieu scientifique et culturel privilégié pour l’étude de l’histoire, de l’histoire de l’art et du patrimoine. Elle permettra aussi d’affirmer l’importance du site Richelieu dans le champ du savoir, de la connaissance et de la recherche et de consolider son rayonnement international.

Des études récentes montrent que la BnF bénéficie d’une bonne image auprès du public mais qu’elle manque de visibilité et de lisibilité. Les enjeux majeurs de la politique des publics consistent à développer cette visibilité auprès des usagers mais aussi du grand public. L’idée est d’affirmer l’identité de l’établissement pour faire comprendre ce qu’il est réellement.
Dans cet esprit, le site proposera, à l’issue de la rénovation complète du site prévue en 2020, de nombreux services ouverts à tous : parcours architectural et muséographique, expositions temporaires, accès facilité à l’offre documentaire, dispositifs de médiation innovants, événements culturels dans la salle ovale.
Le projet de l’architecte Bruno Gaudin est totalement en accord avec cette politique d’ouverture à un public plus large : rendre le site plus lisible et permettre des circulations plus fluides grâce à une transversalité à la fois horizontale et verticale.
Enfin, le site Richelieu doit se réinscrire dans son environnement urbain, être encore une fois plus visible parmi les richesses patrimoniales et culturelles du quartier qui offrent un fort potentiel touristique ; car le site fait partie de ces richesses !

La cohabitation entre chercheurs et visiteurs a suscité des interrogations. Quel est votre point de vue ?

La BnF souhaite faire du site Richelieu un lieu d’échanges où chercheurs et visiteurs trouveront leur intérêt dans le respect des pratiques de chacun. Deux enjeux sont à mon sens liés : d’une part, accroître la fréquentation des bibliothèques de recherche, qui s’est émoussée ces dernières années ; d’autre part, faire de Richelieu un grand pôle culturel ouvert à tous, qui soit une porte d’entrée sur les trésors et les collections de la BnF. La notoriété du musée et de la salle ovale bénéficiera aux activités de recherche et inversement. Avec la démocratisation culturelle, la démocratisation de la recherche est une tendance de fond, qui prend de nombreuses formes : diffusion de la culture scientifique et technique, learning centres ouverts à tous dans les universités, développement de la « science participative », etc. Le site Richelieu est, à sa manière, une façon originale de démocratiser tout à la fois la culture – en donnant à chacun des outils pour s’approprier le patrimoine national – et la science – en « donnant à voir » la contribution de la BnF à la recherche en humanités.
Cela passe par la mise en place de nouveaux services, des conditions de travail améliorées, une offre culturelle nouvelle, des modalités de visite appropriées aux différents types de publics (individuels, familles, groupes…).   Pour y parvenir, la mise en place de médiations est indispensable : c’est en faisant comprendre l’esprit des lieux au plus grand nombre que nous permettrons aux chercheurs et aux visiteurs de vivre ensemble.

RÉTRO RICHELIEU

Jacques V Gabriel, l’architecte oublié

Architecte oublié de la Bibliothèque nationale de France, Jacques Gabriel a pourtant marqué l’endroit de son empreinte. En 1734, il succède à Robert de Cotte comme premier architecte du roi ; pour réaménager la Bibliothèque royale, il propose un projet ambitieux qui inclut la création de quatre ailes-galeries desservies par deux escaliers monumentaux. Mais ce projet nécessiterait le départ de la Bourse, sise dans une partie des locaux de l’ancien Palais Mazarin, également occupé par la Compagnie des Indes. La Bourse n’ayant pas encore prévu de déménager, Gabriel propose d’autres projets. L’un d’eux consiste à créer une vaste entrée côté rue des Petits-Champs en supprimant les petits hôtels particuliers attenants au Palais Mazarin construits par Le Muet. Ce projet est également écarté. Finalement, l’architecte marquera la bibliothèque par deux interventions plus modestes, mais non moins précieuses.

Il fait tout d’abord réaménager l’étage de l’Hôtel de Nevers, libéré par Madame de Lambert, pour y accueillir le Cabinet des Médailles du roi, jusqu’alors à Versailles. Ce Cabinet reçoit un magnifique décor de boiseries rehaussées d’éléments en stuc par Jacques Verberckt. Des décors peints représentant les muses sont commandés à Charles Natoire, François Boucher et Carle Van Loo. Si le Cabinet a déménagé depuis, une grande partie de ce décor a été conservé et replacé dans le nouveau salon Louis XV conçu dans l’aile Vivienne par Jean-Louis Pascal au début du XXe siècle. Ces décors seront restaurés dans le cadre de la rénovation du site Richelieu et à nouveau accessibles au public en 2021.

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Gabriel s’inspire également des plans de son prédécesseur pour faire élever, au nord du bâtiment Robert de Cotte, une aile, qui longe la rue Colbert et vient s’encastrer dans l’aile de Nevers. Cette aile, encore debout aujourd’hui, est connue sous le nom d’aile Jules-Robert de Cotte, fils de Robert de Cotte. En effet, l’histoire a longtemps ignoré l’œuvre de Jacques Gabriel au profit de celle de Robert de Cotte et de son fils. Est-ce à cause de Jacques-François Blondel qui, vingt ans seulement après les travaux, feint de ne pas connaître leur auteur dans son Architecture françoise ? Ou bien est-ce que la méprise est due au classement erroné des papiers Gabriel dans le fonds de Cotte ? Toujours est-il que l’apport de Jacques V Gabriel n’a été remis en lumière que très récemment (voir l’article d’Alexandre Gady dans Richelieu, quatre siècles d’histoire architecturale au cœur de Paris.)

L’œuvre bâtie de Jacques Gabriel à la Bibliothèque royale a même failli disparaître presqu’entièrement. En effet, dans le projet d’Henri Labrouste sous le Second Empire, l’aile Gabriel devait être détruite ; les travaux étaient d’ailleurs bien engagés en ce sens. C’est la mort de Labrouste et son remplacement par Jean-Louis Pascal qui lui évitent d’être totalement démolie. Ce dernier fait restaurer l’aile sur le modèle de ce qu’elle était au XVIIIe siècle, faisant même copier et replacer la Minerve du fronton par Charles Degeorge.

Assez peu de monuments signés Jacques Gabriel subsistent à Paris, mais quelques belles réalisations de ce grand architecte sont visibles en région, comme la Place de la Bourse à Bordeaux, ou l’hôtel de ville de Rennes. Toutefois, on trouve quelques hôtels particuliers de sa main place Vendôme, l’hôtel de Varengeville dans le VIIe arrondissement, et bien entendu l’aile nord de la Bibliothèque nationale de France, site Richelieu !

Une question ? une suggestion ? N’hésitez pas à nous contacter par courriel : projet-richelieu@bnf.fr

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