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Compte rendu de colloque - 24 - 27 avril 2007
in Actualités de la conservation, n° 26, janvier-décembre 2007
En juillet 2006, M. Sali Bashota, directeur de la BNU du Kosovo, a effectué une visite de deux jours à la Bibliothèque nationale de France, au cours de laquelle il a pu durant une matinée découvrir et comprendre le fonctionnement des services de conservation et de restauration notamment à Richelieu. Dans une lettre adressée à la directrice générale de la BnF, il demandait qu’un responsable des questions de conservation et de restauration vînt à Prishtina afin de réaliser une expertise des besoins.
Pendant deux jours et demi, j’ai pu effectuer cette mission avec l’aide précieuse de M. Rama Vata, professeur de chimie et interprète français/ albanais. La journée du mercredi 25 avril a été consacrée à différentes visites : services et installations de la Bibliothèque nationale et universitaire du Kosovo (environ 100 employés) ; archives nationales du Kosovo et atelier de restauration ; musée de Prishtina et atelier de restauration des céramiques et du bois. La journée du jeudi 26 avril a été partagée en deux parties : le matin, j’ai été invité à donner une conférence de deux heures et demie sur les enjeux d’une politique globale de conservation dans un établissement patrimonial ; l’après-midi, j’ai analysé les traitements effectués par les deux restauratrices du département des collections spéciales. Pour la matinée du vendredi 27 avril, M. Bashota a organisé une réunion restreinte avec le responsable des affaires financières qui m’a permis de faire un premier bilan de mes observations.
La situation sanitaire est stable : aucun dégât des eaux, aucun choc thermique, climatisation des magasins situés en sous-sol ; en revanche, absence de mesure de l’atmosphère. Les magasins sont saturés, mais on ne remarque aucun encombrement dans les travées des épis métalliques. Peu de chercheurs consultent les collections anciennes ou spéciales (manuscrits arabes, cartes et plans, photographies) qui ne sont que très rarement communiquées, a contrario les collections de livres et de journaux modernes des XIXe et XXe siècles forment le socle des communications aux étudiants. Le personnel de magasinage et l’encadrement - constitué d’universitaires sans formation bibliothéconomique initiale - n’ont pas ou très peu de connaissances sur les questions de conservation préventive et de restauration. Aucune opération de dépoussiérage, de conditionnement ou de récolement n’a été entreprise. À l’heure actuelle, ces activités ne sont pas non plus réalisables du fait de l’absence de budget, mais aussi de personnels et de prestataires qualifiés. Ce sont des sujets neufs - trois ans à peine de recul selon le directeur - et les professionnels sont en attente de propositions et fort attentifs aux idées développées en Europe occidentale. Pour mémoire, la province du Kosovo a un budget contrôlé par les Nations Unies de 720 millions d’euros pour deux millions d’habitants ; un professeur d’université, doctorant, a un salaire mensuel de 500 euros, un restaurateur de 180 euros, un magasinier de 100 euros.
Ma conférence s’est tenue devant une soixantaine de personnes, professionnels des bibliothèques et des archives de la province, elle a donné lieu à deux articles dans la presse kosovare respectivement dans Iliria Post et Zëri.
Les points suivants ont été abordés :
Durant deux nuits entières, un thermo- hygromètre a été disposé par séquence de douze heures sur deux niveaux de magasins installés en sous-sol et climatisés. Rappelons-le, aucun système ne régule l’atmosphère. Les données relevées toutes les cinq minutes ont été imprimées et communiquées au directeur de la BNUK.
M. Bashota souhaite que soit mise en place une coopération internationale entre la France et le Kosovo par l’intermédiaire d’organismes de développement. Comment envisager cette coopération internationale ? Sont à envisager :
Deux sortes de formation ont pu se tenir cette année. Bernard Gallois, restaurateur du centre de Sablé s’est rendu en juin au Kosovo, afin d’apporter un sérieux complément aux quatre restauratrices (deux de la BNUK et deux des archives nationales), qui possèdent déjà une base : réparations au papier japonais, couture simple, comblement de lacunes, doublage à chaud, connaissance sur la désinfection et la désacidification. Deux journées et demie ont été consacrées à la réalisation de petites réparations sur cuir ou sur papier. La bibliothèque ne possède ni texte, ni reliure sur parchemin.
Enfin, Mme Bedrije Mekolli, restauratrice, a effectué un stage de trois mois de septembre à novembre, pour un tiers dans les ateliers de Tolbiac, pour un tiers dans ceux de Richelieu, et encore en dernière partie dans l’atelier des grands formats du département des cartes et plans pour aborder la question de l’entoilage sur fond tendu. La direction de la BNUK a mobilisé des moyens financiers pour sa réalisation, soit environ 10 000 euros. Ce stage a permis en priorité d’explorer les techniques de restauration et de reliure des manuscrits orientaux, seuls détenus en grand nombre à la BNUK, et de familiariser la restauratrice aux questions de traitements chimiques. Il n’a pas été possible de réaliser un lexique en trois langues (français, anglais, albanais) à partir de celui qui est en usage dans le service et qui a été utilisé avec les stagiaires irakiens durant le premier semestre 2006.
Jean-Yves Sarazin , BnF, Département de la conservation, Service restauration