73ème Congrès de l'IFLA : le satellite meeting
on Mould,
integrated
pest management and dust in collections
Durban (Afrique du Sud), 15 - 16 août 2007
in Actualités de la conservation,
n° 26, janvier-décembre 2007
Le satellite meeting organisé à Durban
les 15 et 16 août, en préliminaire au
congrès international de l’IFLA, par
Johann Maree, conservateur à la
bibliothèque universitaire de Cape
Town et membre associé de la section
Préservation et conservation, abordait
des domaines dans lesquels la BnF
est particulièrement active grâce au
laboratoire du DSC, et Johann m’avait
proposé d’y effectuer une intervention.
J’ai accepté d’autant plus volontiers
que le programme rassemblait
trois intervenants très connus dans
ces spécialités : Helen Lloyd (National
Trust, Royaume-Uni), David Pinninger
(un fameux entomologiste britannique)
et Diane Vogt-O’Connor (responsable
de la conservation à la
Library of Congress).
Le colloque a rassemblé près de 60
personnes, provenant en majorité des
bibliothèques, archives et musées
d’Afrique du Sud. Plusieurs membres
de la section Préservation et conservation
y assistaient, dont la Présidente
en titre Nancy Gwinn et son successeur
désigné Per Cullhed, ainsi
que Christiane Baryla du programme
PAC.
Les 3 ateliers successifs ont été d’un
très bon niveau scientifique, et formateurs
même pour des spécialistes :
- Helen Lloyd, qui traitait la problématique
de la poussière au travers des
activités et de la longue expérience
du National Trust (fondation britannique
qui grâce à des dons et à des
milliers de volontaires formés entretient
des centaines de demeures historiques,
musées et bibliothèques
privées du Royaume-Uni), a produit
un exposé particulièrement original et
intéressant sur les sources et la distribution
de la poussière dans les locaux
recevant des visiteurs, sur la perception
qu’en ont ceux-ci, sur le phénomène
de cémentation qui la fait coller
aux objets, sur les techniques qui permettent de mesurer l’empoussièrement,
et enfin sur les politiques de
dépoussiérage possibles et leurs implications
économiques. Même si les
exemples étaient généralement pris
dans des musées ou demeures historiques,
de nombreux conseils pratiques
pouvaient s’appliquer aux bibliothèques
(pare-poussière sur les rayonnages
notamment).
- David Pinninger a développé un
exposé classique mais très complet sur
les différentes espèces d’insectes susceptibles
d’endommager les collections,
et sur leurs caractéristiques
communes qui permettent d’élaborer
une stratégie pour éviter leur apparition
ou les éliminer. Il l’a complété
par des exercices pratiques très formateurs
d’identification des espèces à
partir des dommages causés sur des
échantillons de bois, textile ou papier.
- Diane Vogt-O’Connor, qui traitait la
question des moisissures, a réalisé
une intervention très détaillée et percutante,
relevée d’une bonne dose
d’humour. Comme chez Pinninger,
on y relevait logiquement l’importance
fondamentale à accorder à la
prévention, basée dans les deux cas
sur le contrôle thermohygrométrique,
un nettoyage soigneux des documents
et des locaux, et l’entretien des bâtiments.
D’autres traits étaient plus
typiquement anglo-saxons, comme
une très grande prudence vis-à-vis des
interventions curatives utilisant des
produits chimiques, la primauté marquée
donnée à la santé et au bien-être
des équipes, et le souci constant du
discours extérieur à tenir au public et
aux autorités de tutelle.
Les trois exposés finaux étaient de
courts témoignages de problèmes
d’infestation rencontrés par divers
établissements et des politiques menées
pour y faire face. C’est dans ce cadre
que j’ai pu présenter en anglais, en 30
mn environ, la situation actuelle à la
BnF en matière d’empoussièrement
et d’infestations, et les actions menées
par le département de la Conservation
et son laboratoire dans ces domaines.
J’ai pu mesurer à cette occasion l’incompréhension
et l’opposition traditionnelles
des anglo-saxons à l’usage
de l’oxyde d’éthylène qui persiste en
France.
Philippe Vallas, BnF, Département de la
conservation