Désacidification

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Projet européen «PaperTreat» :
évaluation des procédés de désacidification de masse

in Actualités de la conservation, n° 25, janvier-décembre 2006

Avec l’introduction dans l’édition du papier de pâte de bois encollé à la colophane en milieu acide, le 19e siècle a marqué l’avènement de la diffusion à grande échelle du papier acide. Celle-ci a pour résultat aujourd’hui une dégradation massive des documents d’archive et de bibliothèque. Ainsi, de nombreuses campagnes d’évaluation des collections ont révélé qu’en raison d’une trop grande fragilité du papier, un livre sur quatre ne peut plus être manipulé, tandis que 60 % d’entre eux sont menacés du même sort.

 

Afin de remédier à cette situation, des procédés de désacidification de masse ont été développés, qui permettent la neutralisation des acides grâce à l’utilisation de produits alcalins. Le stockage des livres à basse température contribue également à prolonger leur durée de vie. Dans les stratégies de conservation des collections acides, désacidification de masse et stockage à basse température sont les plus connues ; pourtant leur effet sur le vieillissement naturel des collections n’a jamais été vraiment démontré. Or, si l’on veut mettre enplace une stratégie de conservation pertinente, ce paramètre doit être pris en compte, au même titre que l’évaluation des coûts et des effets secondaires engendrés par les traitements.

 

Il a été par ailleurs constaté que toutes les évaluations des procédés de désacidification de masse menées auparavant par différents établissements ont utilisé des protocoles et matériaux très divers qui rendent difficile la comparaison des procédés testés. De plus, les procédés de désacidification de masse étant en permanente évolution, une réévaluation régulière doit en être faite, dont le coût ne peut être supporté par la plupart des bibliothèques et archives. Une homogénéisation et une simplification des protocoles d’évaluation des procédés semblaient donc nécessaires.

 

Dans le cadre de ce projet, plusieurs bibliothèques et archives européennes ont donc joint leurs forces et leurs compétences à celles de laboratoires de recherche de pointe, afin de définir les critères qui leur permettront de développer les programmes de conservation de leurs collections acides les plus avantageux en termes de coût et d’efficacité.

 

Les principaux objectifs du projet "PaperTreat" seront :

Ce projet développera également des matériaux modèles, des critères d’évaluation et de contrôle qualité, qui simplifieront considérablement l’évaluation des procédés émergents. Lesrésultats obtenus à l’issue du projet contribueront à la sauvegarde et l’accès à long terme au patrimoine écrit.

 

Le projet "PaperTreat" a été retenu dans le cadre du 6e programme cadre européen pour la recherche et le développement technologique, période 2002-2006. Il s’inscrit dans le groupe "Recherche et innovation", l’un des 15 groupes de ce sixième programme cadre. Le budget total mis à disposition par l’UE pour l’ensemble de ce programme est de 16,27 millions d’euros, celui alloué au projet "PaperTreat" étant de 1 140 099 euros. Coordonné par la bibliothèque nationale et universitaire de Slovénie, il compte 11 autres partenaires : l’université de Lubiana (Slovénie), l’université de Jagellonia, Cracovie (Pologne), la société TNO (Pays-Bas), les archives nationales des Pays-Bas, la British Library, les archives nationales de Suède, les archives nationales de Slovaquie, la bibliothèque d’État de Russie, la Bibliothèque nationale de France, la bibliothèque royale des Pays-Bas,l’ECPA (European Commissionon Preservation and Access).

Rôle de la BnF

La Bibliothèque nationale de France a été sollicitée pour ses solides connaissances de l’état des collections imprimées en France, des procédés de désacidification de masse, et de ses compétences en matière d’évaluation de ces procédés. Son rôle principal dans le projet est celui d’expert et d’utilisateur final. À ce titre, elle prend part à toutes les phases du projet, de sa conceptualisation à l’exploitation finale et la dissémination des résultats. Elle s’assure ainsi de la pertinence des recherches et des développements pour les archives et les bibliothèques européennes. Le laboratoire du département de la conservation, site de Bussy, intervient également dans la phase d’évaluation des procédés : vieillissement artificiel des documents traités, évaluation des collections.

 

Les résultats du projet "PaperTreat" pourront donc aider la BnF à mettre en place des programmes plus efficaces de conservation des collections acides. Ils serviront également à améliorer la formation des personnels chargés de la conservation des collections graphiques.

 

 

Thi-Phuong Nguyen, Département de la Conservation, Laboratoire