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in Actualités de la conservation, n° 24, juillet-décembre 2005
Les deux grands types de contaminants biologiques rencontrés sur les collections constituées de matériaux organiques sont les insectes et lesmicroorganismes (moisissures et/ou bactéries).
Lorsque l’on soupçonne une contamination biologique, il convient de ne
pas décider dans la hâte d’un traitement qui pourrait être plus néfaste
que salutaire ou au contraire d’ignorer la situation risquant ainsi de
provoquer une infestation généralisée.
En revanche, il convient d’adopter une méthodologie précise de diagnostic
dont les grandes lignes sont décrites ci-dessous.
Dès qu’il y a suspicion d’une contamination, avant tout diagnostic et toute prise de décision, des mesures simples doivent être mises en place le plus rapidement possible afin de juguler le risque de propagation :
La méthodologie à mettre en œuvre lors du diagnostic :
Si le contaminant est un insecte, on recueillera toute trace d’activité
: insecte adulte et/ou à l’état larvaire, et/ou vermoulure s’il s’agit
d’un insecte xylophage.
Il est utile de compléter l’inspection visuelle par un programme de
piégeage pour détecter précisément les espèces présentes et l’étendue
de l’infestation en respectant certaines règles pour un piégeage significatif
:
L’aspect des dégradations peut aider à identifier l’espèce. Toutefois, l’observation des détails de la morphologie sous loupe binoculaire à fort grossissement permet une identification précise.
Pour les microorganismes (moisissures et/ou bactéries), plusieurs techniques de prélèvements complémentaires sont disponibles.
Les échantillons sont mis en culture en laboratoire sur des milieux
stériles contenant les éléments nutritifs nécessaires à la croissance
des microorganismes.
Plusieurs milieux sont testés afin que la plus grande diversité et le
plus grand nombre de microorganismes puissent s’exprimer.
L’identification des microorganismes se fait sous microscope, par l’observation de leurs caractéristiques culturales et morphologiques (macro et microscopiques).
Les prélèvements sur les documents sont effectués à l’aide d’écouvillons
secs et stériles délicatement frottés sur les traces visibles (taches
poudreuses, duveteuses…).
Il est indispensable que ces écouvillons soient secs pour ne pas apporter
d’humidité supplémentaire aux matéiaux qui favoriserait le développement
des contaminants présents éventuellement viables. Ces écouvillons sont
ensuite mis en culture au laboratoire.
Certaines précautions doivent être prises lors du prélèvement comme, par exemple, de ne jamais toucher la tige ou de souffler en direction de l’écouvillon. Le prélèvement doit être numéroté, daté et accompagné de toute indication permettant l’identification du document (institution, titre, cote) et renseignant sur la contamination (nature du matériau, couleur, texture de la tache). Les prises de vue des taches suspectes complètent ces informations. Plus il y a de renseignements, plus l’analyse est exploitable et le traitement adapté.
Les prélèvements sur mobilier ou autres surfaces peuvent être réalisés afin de déterminer leur état de contamination. Des «boîtes-contact» ou des lames gélosées contenant un milieu nutritif stérile sont directement appliquées sur les surfaces et mises à incuber au laboratoire.
Les prélèvements d’air peuvent être utiles pour évaluer quantitativement et qualitativement le niveau de contamination de l’environnement des collections en différents points d’un local. La technique retenue préférentiellement est fondée sur l’aspiration d’un volume d’air donné, à l’aide d’un biocollecteur; les particules biologiques en suspension dans cet air viennent se coller sur les boîtes de Pétri placés dans le biocollecteur.
Les prélèvements d’air et de surface sont obligatoirement préconisés et effectués par un laboratoire spécialisé.
Grâce aux renseignements ainsi obtenus, un traitement curatif adéquat
sera préconisé en tenant compte non seulement des résultats des analyses
scientifiques, mais aussi de la nature des matériaux contaminés, de
la valeur des collections, des moyens humains et financiers disponibles,
et du temps d’interruption possible des communications aux lecteurs.
Dans la mesure du possible, on s’orientera préférentiellement vers un
traitement non chimique tant pour les collections que pour les locaux
afin de limiter les risques d’interactions néfastes avec les matériaux.
Tout traitement curatif est une opération ponctuelle qui ne protège
pas contre une recontamination ultérieure si les causes de la contamination
ne sont pas corrigées.
Aussi est-il indispensable d’agir locaement par des actions correctives et préventives ; le développement des contaminants biologiques étant induit par le dérèglement des conditions environnementales.
Une politique de conservation préventive permet de réduire voire d’éliminer les risques de contamination.
Caroline Laffont, Département de la conservation, Laboratoire
Bibliographie
La brochure éditée par la Direction du Livre et de la Lecture Contamination
des collections et des locaux des bibliothèques par des moisissures offre
une méthodologie détaillée de la gestion des situations à risques.
Cette brochure est disponible sur le site du ministère à l’adresse suivante
: http://www.culture.gouv.fr/culture/dll/contamination.pdf
Sauvegarde des collections du patrimoine, la lutte contre les détériorations biologiques / Flieder, F. ; Capderou, C. Paris : CNRS éd., 1999.
Prévention des moisissures et récupération des collections / Guilds, S. ; Macdonald, M. In : Bulletin Technique de l’Institut Canadien de Conservation, n°26, 2004.
Pest management in museums, archives and heritage houses / Pinniger, D. London : Archetype Publications, 2001.
Les contaminants biologiques des biens culturels / Roquebert, M.-F & al. Paris Elvesier, 2002.