Numérisation

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Etat des lieux et avenir des
techniques de reproduction à la BnF

in Actualités de la conservation, n° 19

Les ateliers de reproductions de la BnF entreprennent cette année une évolution vers la prise de vue numérique qui va rapidement remplacer la prise de vues argentique pour ce qui concerne la couleur et le microfilm noir et blanc en modelé continu (demi-teinte).

Cette évolution devrait améliorer la conservation des reproductions en couleurs et en modelé continu des collections car elle vient remplacer des techniques analogiques qui ne donnaient pas entière satisfaction ou qui étaient difficiles à mettre en œuvre. En outre, elle va participer à l’alimentation directe du catalogue des clichés couleurs et noir et blanc produits par le service reproduction à partir des collections imprimées et spécialisées de la bibliothèque. Cette base sera accessible en ligne sur le web dès le début 2004.

Etat des lieux

Les clichés couleurs, qu’ils soient sur microfilm ou sur support plan film sont effectués sur des émulsions inversibles en couleurs. Ce type d’émulsion donne une résolution correcte, une bonne reproduction des couleurs, mais ces dernières évoluent avec le temps jusqu’à nécessiter une retouche colorimétrique après une dizaine d’années de stockage.

 

Les cartes et plans du fonds Danville étaient reproduites sur microfiches monovues en couleurs par le Centre de Sablé, sur une émulsion par destruction de colorants (Ilfochrome). Ce film a la meilleure résolution du marché et est très stable dans le temps. Pour ce programme, plusieurs écueils nous ont amenés à envisager une mutation vers le numérique : c’est d’abord la vétusté des matériels très particuliers qui composaient la chaîne de production et la quasi absence de matériels de remplacement (caméra microfiche monovue et développeuse spécifique) ; c’est ensuite l’incertitude de pouvoir s’approvisionner en films par destruction de colorants dans le format microfiche ; c’est enfin l'obligation de reproduire une image de ce film sur le même type de film qui conduisait le Service reproduction à réutiliser le document pour en faire un cliché sur du film inversible pour satisfaire une commande.

Tout comme la microfiche et le microfilm noir et blanc classique utilisés essentiellement pour l’enregistrement des documents imprimés sans iconographie, le microfilm noir et blanc en modelé continu a une bonne capacité de conservation sur de nombreuses années. Cependant la qualité de reproduction de l’iconographie qui est bonne sur l’exemplaire de prise de vues décroît fortement sur les exemplaires d’exploitation et de consultation. L’exploitation des micro-images par le Service reproduction pour faire un tirage de qualité sur papier est difficile et nécessite un sérieux travail de restauration de l’image (masquage, retouche, suppression des rayures, etc.).

 

Dans un premier temps ce sont donc ces trois types de produits (clichés et microfilms en couleurs, microfiches monovue en couleurs et microfilm noir et blanc en modelé continu) qui ne donnent pas entièrement satisfaction pour la conservation et pour l’exploitation qui vont être remplacés par des fichiers numériques.

 

Nouveaux matériels en cours d'acquisition

Au Service reproduction, un dos photographique numérique à haute résolution (plus de 22 millions de pixels) et deux boîtiers numériques 24 x36 (environ 14 millions de pixels) vont être installés dans les prochains mois.

 

Le dos numérique produira des images numériques dont la qualités sera sensiblement comparable à celle obtenue avec un cliché photographique sur film inversible couleur de format 10 x 12,5 cm.
Les boîtiers numériques 24 x 36, alimenteront la base Daguerre à partir des clichés photographiques noir et blanc et en couleurs tant que l’ensemble de la prise de vues en couleurs ne sera pas effectuée sur des équipements numériques. Ces boîtiers pourront aussi être utilisés pour la prise de vues numérique directe de petits documents (jusqu'au format A4).

 

Une caméra numérique noir et blanc et couleurs permettra d’enregistrer les documents plans et reliés. Elle sera dotée d’un porte documents (format A1) pour ouvrages reliés ouverts à 180° avec plateau compensateur. Un dispositif particulier permettra l’ouverture partielle de l’ouvrage (de l’ordre de 120°) pour limiter les contraintes physiques exercées sur la reliure. Les fichiers numériques produits par cet équipement remplaceront les microfilms 35 mm couleurs et les microfilms noir et blanc en modelé continu.

 

Au Centre Joël Le Theule de Sablé-sur-Sarthe, une caméra numérique noir et blanc et couleurs permettra d’enregistrer les documents plans et reliés. Elle sera dotée d’un porte documents (format A0) pour ouvrages reliés ouverts à 180° avec plateau compensateur, mais sa mission première sera la prise de vues pour le Département des cartes et plans, en remplacement de la production des microfiches monovues en couleurs. Bien sûr, elle pourra aussi être utilisée pour enregistrer les documents plans de grandes dimensions issus d’autres fonds de la bibliothèque, ainsi que des ouvrages reliés.

 

La saisie numérique directe des documents dans les ateliers du Département conservation génèrera des fichiers dont la taille pourra être extrêmement importante. A titre d’exemple, le dos numérique qui sera installé au Service reproduction et qui permet d’enregistrer en 300 dpi un document A3, générera un fichier « natif », c’est à dire tel qu’enregistré, sans subir de compression, de l’ordre de 70 Mo si chaque pixel est codé sur 24 bits (8 bits pour chacune des 3 couleurs).

A Sablé, un document A0 en couleurs enregistré avec les mêmes règles, générera un fichier « natif » de l’ordre de 420 Mo.

Ces fichiers de très haute résolution, utilisables à des fins professionnelles, seront stockés sur le Système d'information de la BnF (SI), soit sous leur forme « native », soit sous leur forme compressée (JPEG) qui permettrait de diviser par 10 le poids informatique de chacune des images mais génère des artefacts à peine appréhendables par l’œil. Une discussion est actuellement en cours pour statuer sur cette question. Enfin, ces fichiers étant la seule représentation existante du document, il convient d’en assurer la sauvegarde à long terme.

 

Le Service reproduction, à partir de la base images du SI, pourra récupérer le fichier représentant le document et le restituer sur le support demandé par le client.
En salle de lecture, le catalogue des images numérisées (Daguerre) sera accessible sous une forme allégée, adaptée à la consultation sur écran.

 

L'année prochaine, ce programme d'équipement numérique des ateliers sera poursuivi.

 

 

Bernard Fages, DSR/DSC/CTBnF