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in Actualités de la conservation, n° 17, mai-août 2002
Le renouvellement du marché de conditionnements de conservation de la Bibliothèque nationale de France a donné lieu à une étude et une analyse approfondies du sujet. La première étape a consisté en un bilan financier du marché précédent : consommation des lots, et au sein de ces lots, des modèles. Un bilan financier des conditionnements achetés en hors marché sur les trois années précédentes a aussi été réalisé et étudié, fondé sur les modèles de boîtes ou de pochettes, le nombre d'unités et le montant financier.
La seconde étape a consisté en une enquête auprès des utilisateurs du marché en cours d'achèvement : recensement des besoins par rapport aux modèles et aux formats de l'ancien marché, critiques sur l'offre disponible, difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre des commandes, élaboration d'une liste de produits manquants, recensement des nouveaux besoins à prendre en compte ; cela a été complété par une étude de conditionnements particuliers dans les magasins avec les conservateurs chargés des collections ; la liste des formats a de même été revue et complétée. Cette collecte d'informations a donné lieu à une première proposition.
La troisième étape a porté sur la validation par les utilisateurs ; leurs suggestions ont permis de définir plus précisément les lots et leur contenu, ainsi que les modèles et leurs caractéristiques.
L'article a pour but de présenter l'étape préparatoire à la rédaction du cahier des charges, puis d'indiquer quelques points techniques majeurs du contenu du cahier des clauses techniques particulières (CCTP), en s'appuyant sur quelques exemples concrets. Des extraits du CCTP sont cités à titre indicatif et doivent être adaptés pour chaque CCTP, en fonction des besoins de la bibliothèque.
Un cahier des clauses techniques particulières dans le domaine du conditionnement de conservation : " fabrication, fourniture et livraison de boîte, pochettes et protections pour documents photographiques "
La première étape, lorsque l’on souhaite procéder au lancement ou au renouvellement d’un marché est de réaliser l’analyse des besoins. Cette analyse porte sur trois points précis : l’analyse technique, l’analyse financière et l’analyse prévisionnelle. La rédaction d’un cahier des clauses techniques particulières sera la pièce maîtresse de la mise en concurrence. Ce cahier des charges doit être aussi le reflet le plus exact des besoins en termes techniques, d’où l’importance de l’analyse qui doit être menée en amont.
Dans le domaine du conditionnement de conservation, la Bibliothèque nationale de France a une expérience de longue date. Malgré cela, une mise à plat des besoins est indispensable, car lors du renouvellement d’un marché comme en cours d’exécution, la production des matériaux et les entreprises évoluent : à titre d'exemples, l’arrêt ou la modification de la fabrication de matériaux par les industriels, la disparition ou l’apparition de prestataires, l’arrivée de nouveaux supports d’information ou tout simplement l’amélioration et le développement de produits déjà utilisés sont des sujets de veille permanente.
Les chiffres parlent parfois plus qu’un discours. Les opérations de conditionnement des collections à la BnF représentent, par an, plus de 300 000 unités réparties en 80 modèles différents totalisant aujourd’hui 1130 formats spécifiques. Devant l’ampleur d’une telle liste, il est impossible de trouver plusieurs sociétés capables de faire une offre globale. Existe-t-il une société capable de fabriquer des pochettes en matière synthétique et des boîtes sur mesure en bois ? Si oui, il y a toutes les chances qu’elle soit unique. Dans ce contexte, il convient de réfléchir à la constitution de lots homogènes qui feront appel à des savoir-faire et des technologies proches afin d’obtenir la meilleure mise en concurrence. Dans le cas de ce marché, cette démarche nous a conduits à la constitution de dix lots.
Cette répartition montre qu’il n’existe pas de règle précise. Les regroupements peuvent se faire par type de matériau (boîtes en bois), par type de conditionnement (cuvette), par mode de production (boîtes montées et assemblées par rivets) ou par type de collection (documents photographiques).
Cette seconde étape effectuée, nous devons définir les spécifications techniques pour que le candidat puisse comprendre le besoin, mesurer ses obligations et établir son prix au plus juste. Cette démarche conduit du général au spécifique, du lot au modèle.
Dans le CCTP, il est possible de faire référence à des normes ou de citer ses propres critères.
Les références techniques sont les normes ISO 9706 (pour les papiers permanents) et ISO 11108 (pour le papier de qualité archives). Cette dernière est plus contraignante. Pour les phototypes, la référence est la norme ISO 10214.
L'objet s’applique par définition à l’ensemble du CCTP. Il permet de faire comprendre au candidat le contexte de la prestation et de lui indiquer les objectifs de l’opération.
(extrait)
"Le présent cahier des charges a pour objet la fabrication, la
fourniture et la livraison de boîtes, pochettes, protections pour documents
photographiques, destinées à la conservation des collections de la Bibliothèque
nationale de France.
Pour mieux appréhender l'étendue des documents concernés par ce marché,
voici une liste non exhaustive :
Le conditionnement de conservation répond à deux objectifs :
Pour chacun des lots, on définit les matériaux qui vont être utilisés lors de la fabrication. Il convient de définir trois niveaux de spécifications : les généralités propres à l’ensemble des modèles du lot, les spécifications particulières propres à chaque modèle et les spécifications techniques en relation avec un format donné :
Les spécifications générales ont pour but de cadrer la réponse du candidat et de le sensibiliser à l’esprit général du CCTP. On fournira tous les éléments donnant des renseignements sur l’usage et la finalité de l’objet attendu.
(extrait) "Les conditionnements étant destinés à demeurer en contact avec les documents, les matériaux utilisés ne devront ni contenir, ni dégager dans l'avenir de substance susceptible d'endommager les documents, par eux-mêmes ou en combinaison avec les autres matériaux ou avec l'environnement. - Les matériaux ne devront pas comporter de particules de métal oxydable. (...) - De nouveaux matériaux apportant une amélioration de qualité peuvent être proposés. L'utilisation de ces matériaux nouveaux, non prévus dans le présent cahier des charges, doit être soumise à l'approbation de la Bibliothèque nationale de France. Celle-ci se réserve le droit de demander la formule chimique des matériaux, éventuellement à titre confidentiel, et de s'assurer de leurs qualités et permanence par un protocole d'analyses et de tests. Ce point concerne particulièrement le domaine en constante évolution des adhésifs. Dans la mesure où la fabrication des matériaux peut varier dans le temps, il est demandé aux prestataires de suivre attentivement l'évolution de leurs qualités et propriétés. La Bibliothèque nationale de France se réserve le droit de procéder par elle-même à des vérifications de ce type."
Un point attire l'attention sur les documents photographiques qui nécessitent un soin particulier quant à la qualité des matériaux mis en contact direct avec le document. De façon générale, les cartons, cartes ou papiers en contact avec les phototypes, doivent répondre à la norme ANSI/PIMA IT 9.2-1198, soit en particulier :
Prenons pour premier exemple le lot des " pochettes sur mesure en papier ou en carte, sans renforts, plates ou à soufflets " " et le modèle " Pochette plate en papier ou en carte avec une face carton, ouverture un côté (petit ou grand) ". Pour la fabrication de ce type de conditionnement, deux matériaux sont utilisés, un adhésif et une matière papetière sous la forme de papier, carte et carton.
Pour l’adhésif, il convient de ne pas trop fermer les possibilités techniques de fabrication tout en restant dans le contexte de l’objet du marché. Tel prestataire équipé de telle machine ne pourra utiliser que telle nature d’adhésif : il peut se retrouver bloqué dans sa réponse et ne plus être concurrentiel si les spécifications techniques sont trop restrictives. Par contre, il est impératif d’éliminer les produits que l’on ne souhaite pas.
(extrait)
"Adhésif
- On utilisera uniquement des colles en dispersion aqueuse. Les colles
synthétiques de la famille des P.V.A. (polyvinyle acétate) ou E.V.A.
(copolymère éthylène et vinyle acétate) sont recommandées car elles
s'approchent le plus des qualités recherchées :
- une bonne adaptation aux différents types de papier et de carte
- une bonne liaison mécanique
- une bonne durabilité "
Il est possible d'être un peu plus précis : sans soufre, pH compris entre 6 et 9, incolores, ne devant pas jaunir sur le long terme, ne devant émettre aucun composé nocif pouvant porter atteinte à l’intégrité du document placé en contact direct ou indirect avec elles. Les colles préconisées sont les suivantes : amidons, gélatines, éthers de cellulose, acryliques, certains EVA, PVA ou copolymères EVA-PVA.
(extrait)
"En cas d'utilisation de colles de pâte ou cellulosiques, celles-ci
devront être impérativement fongicides et insecticides et d'un pH > 7.
Les colles synthétiques de type PVC (chlorure de polyvinyle) sont rigoureusement
interdites. "
Pour la partie papier, la nature des matériaux est définie le plus précisément possible ainsi que la relation entre le format et le grammage. Ce complément d’information assure une corrélation correcte entre l’usage et le conditionnement.
(extrait)
"Papier ou carte
- Ce modèle sera réalisé en papier ou en carte de couleur
non salissante (ivoire ou autre couleur non salissante comme brun,
gris ou bleu).
- Le pH sera >7,5.
- Le grammage sera de 320 à 350 g/m².
Carton celloderme
- Ce carton aura les caractéristiques suivantes :
Il est possible d'être plus précis en précisant l'indice Kappa qui doit être inférieur à 5 d'après la norme ISO 9706 (cf. tableau "Analyse des matériaux et normes")
Les spécifications techniques particulières sont très souvent difficiles à décrire. La réalisation de schémas techniques accompagnant le texte permet une visualisation rapide du produit sans pour autant restreindre les possibilités de fabrication.
(extrait)
"- La couleur du papier sera spécifiée lors de la commande (ivoire
ou autre couleur non salissante).
- Le côté verso sera réalisé en carton celloderme.
- Epaisseur du papier ou carte et du carton pour la réalisation de la
pochette du modèle 4 :
Surface de la pochette en dm2 (H * L) |
Grammage du papier ou carte (en g/m2) | Epaisseur du carton (en mm.) |
---|---|---|
< 2,5 | de 100 à 120 | 0.8 |
de 2,51 à 8,20 | de 121 à 170 | 1.2 |
de 8,21 à 22 | de 171 à 225 | 1.6 |
> 22 | 226 à 300 | 2 |
- Tous les collages de réalisation de la pochette devront être faits à l'extérieur.
- Le rabat devra être d'une longueur de 50 mm au minimum et avoir un décrochement permettant une fermeture aisée."
Prenons comme autre exemple le lot des " boîtes à l’unité en carton habillées" et le modèle " boîte type BnF, avec couvercle attaché sur grand côté et dos libre ". Contrairement au lot des pochettes, son intitulé fait apparaître que l’on est passé du domaine de la série à celui de la réalisation unitaire, autrement dit d’un façonnage industriel à une réalisation presque exclusivement manuelle. L’autre point délicat, dans ce type de réalisation, est lié à l’aspect esthétique du produit final qui est fortement influencé par le produit de couvrure, en l’occurrence une toile. Pour ce type de conditionnement, il est préférable de donner toutes les précisions nécessaires sur la nature même des produits souhaités, quitte à en donner les références.
(extrait) "Toile
Toile métis
- La toile métis (lin et coton) à fil régulier et à tissage serré, sera
de qualité supérieure.
- La toile aura reçu un traitement antifongique.
- Dans le cas d’une demande de boîte de couleur autre qu’écrue, le choix
se fera dans le nuancier suivant : - bleu - écrue - gris - havane -
marron - noir - grenat - rouge - vert ( Les références appartiennent
à la gamme TOILE METIS TMC distribuée par la société Relma. Elles sont
données à titre de référence et peuvent être remplacées par une équivalence
d'un autre fournisseur répondant parfaitement à nos exigences).
Toiles buckram
- Les toiles "buckram" seront à enduction 100 % acrylique
(methyl methacrylate)
- Les toiles "buckram" devront avoir un grammage supérieur
ou égal à 240 g/m2.
- Le choix des couleurs de toile "buckram" devra être fait
à l'intérieur de la palette de 15 couleurs retenue par la Bibliothèque
nationale de France. Les couleurs retenues par la BnF sont les suivantes
: - marine n°541 - bleu Roy n°550 - bleu pétrole n°543 - vert sapin
n°563 - vert moyen n°557 - vert clair n°555 - bordeaux n°532 - rouge
vif n°530 - orange n°520 - jaune n°540 - marron n°574 - tabac n°572
- gris n°511 - violet n°551 - noir n°585(2) (Les références appartiennent
à la gamme ARBELAVE LIBRARY fabriquée par la société RED BRIDGE INTERNATIONAL.
Elles sont données à titre de référence et peuvent être remplacées par
une équivalence d'un autre fournisseur répondant parfaitement à nos
exigences." )
L’autre aspect délicat, pour ce type de conditionnement, est que l’on a affaire à une fabrication sur mesure devant prendre en compte les dimensions exactes de l’objet. Ce point est essentiel. L’expérience montre qu’il est préférable, dans ce genre de prestation, de confier directement la prise des mesures au prestataire. En cas de non conformité de la boîte avec l’objet, la responsabilité lui en incombera. De plus, cette prestation, à fort savoir-faire manuel, exige que l’on soit très précis lors de la rédaction du cahier des charges quant à la qualité voulue, même si cela implique des répétitions ou l'expression d'évidences.
(extrait) "- Pour la réalisation des boîtes de ce lot, le prestataire fixera un rendez-vous en accord avec le service demandeur afin de venir sur place prendre l’ensemble des renseignements utiles à la bonne réalisation de la commande (dimensions de l’ouvrage, dimensions des comblages, dimensions extérieures du conditionnement, produits de couvrure, couleurs des produits de couvrure, etc.). Cette opération se fera sous le contrôle d’un responsable de la Bibliothèque nationale de France. - Le choix des adhésifs devra répondre parfaitement à la nature des matériaux à coller afin d'obtenir une liaison parfaite et durable. - Un soin particulier sera apporté dans le choix du grammage et de l'épaisseur du carton en fonction du format et du modèle à réaliser. - Les angles des boîtes doivent être parfaitement définis. - Les charnières seront réalisées avec le bon jeu pour obtenir une articulation idéale. - Les charnières de pliage seront réalisées dans une toile de couleur assortie. - Pour les boîtes réalisées dans ce lot, toutes les parties en contact avec le document seront recouvertes de papier permanent. Cette opération d'habillage interviendra après la couvrure et couvrira les remplis. - Les remplis seront réguliers et ne pourront dépasser 10 mm de largeur. - Le choix de la toile et de la couleur sera précisé lors de la commande. - Pour ce modèle comportant un couvercle, un jeu minimal mais suffisant devra être calculé pour une ouverture et fermeture pratique. "
On peut créer des options, dans le cadre des spécifications techniques particulières, qui seront opérationnelles pour l’ensemble ou pour parties des modèles d’un même lot. Ainsi l'utilisateur pourra, à son gré, choisir l’option dont il a besoin afin de réaliser le conditionnement correspondant à son souhait. Il peut ainsi demander que telle série de boîtes soit équipée d’un porte étiquette en matière synthétique et que telle autre série destinée à protéger un fond particulier soit équipée de pièces de titre en cuir. Dans tous les cas, il faut définir les matériaux utiles à la réalisation des options et donner les renseignements nécessaires à la réalisation technique.
(extrait)
"Porte étiquette
- il sera en matière synthétique transparente (PP), d’un format au
moins égal à 40 ´ 60 mm.
- il sera autocollant (adhésif acrylique).
Pièce de titre
- le titrage de la pièce de titre sera réalisé en couleur
or ou blanc (La couleur sera précisée à la commande).
- Elle pourra comporter jusqu’à 10 lignes de titrage avec ou sans
encadrement pour un titrage classique ou deux lignes pour un titrage
en long.
Pièce de titre ou de cotation en cuir
- La pièce de titre ou de cotation sera réalisée en chagrin.
- La couleur sera précisée à la commande.
- La gamme de couleur est la suivante :
Pièce de titre ou de cotation sur support papier
- Le matériau utilisé sera de type enduction acrylique sur
support papier saturé en latex et renforcé de fibres polyester, d'aspect
grain cuir.
- La couleur sera précisée à la commande.
La gamme de couleur est la suivante :
Les références appartiennent à la gamme ACROLIN – PAMPLONA fabriquée par la société RED BRIDGE INTERNATIONAL. Elles sont données à titre de référence et peuvent être remplacées par une équivalence d'un autre fournisseur répondant parfaitement à nos exigences."
Le dernier point qu'il ne faut surtout pas négliger lors de la rédaction d’un cahier des clauses techniques particulières est le contrôle technique d’exécution de la prestation. Il est très fortement conseillé de préciser les critères impératifs qui ne pourront faire l'objet d'aucune dérogation. Il faut donc les faire connaître, par une liste non exhaustive, ainsi que les sanctions correspondantes.
(extrait) "Cadre général
Tout conditionnement reconnu défectueux ou ne correspondant pas aux
prescriptions du cahier des charges sera refait aux frais du contractant.
Contrôle-qualité de la prestation
- Chaque livraison fera l'objet d'un contrôle-qualité à réception.
- Les conditionnements pour lesquels les spécifications n'auraient
pas été suivies seront retournés au fournisseur pour être refaits
de manière conforme au CCTP, aux frais du contractant.
Liste non exhaustive des causes de retour :
- Non-respect des spécifications concernant les matériaux
- Modèle demandé non conforme aux prescriptions
- Couvrure non conforme aux prescriptions ( non-respect de la couleur
ou de la nature du produit de couvrure demandé)
- Dimensions non conformes à la commande."
Quelques points du marché précédent ont pu être améliorés, au cours de cette procédure.
Le nombre de modèles de boîtes habillées a été réduit et une liste d'options avec un tarif unitaire a été ajoutée au bordereau de prix.
La liste des formats a été complétée, ce qui avait pour but de limiter les demandes hors grille tarifaire.
De nouveaux lots ont été créés : lot de pochettes en matière synthétique, lot de boîtes habillées en bois, lot particulier pour les documents photographiques, de façon à répondre à la diversité des fonds documentaires.
Les intitulés des modèles ont été revus dans le but de décrire la boîte ou la pochette : l'objectif est de constituer une base de données de modèles qui puisse être évolutive, sans être modifiée à chaque marché. La référence du modèle est son intitulé, complété par le lot auquel il appartient et son numéro de modèle. Ces deux dernières données évolueront au fur et à mesure des marchés, l'intitulé doit demeurer identique.
Enfin, le polypropylène alvéolaire a été intégré dans les matériaux possibles, dans la mesure où il a été analysé par le laboratoire (cf Actualités de la conservation n°16) et présente de nombreuses qualités dans le domaine de la protection des collections.
Le renouvellement du marché des conditionnements de conservation a été l'occasion de mettre en place un véritable contrôle-qualité des matériaux fournis par les prestataires, avec le laboratoire du centre technique de Bussy-Saint-Georges. Des conditionnements ou des matériaux très employés à la bibliothèque ont ainsi fait l'objet d'un panel de tests physico-chimiques. Deux études majeures ont été menées :
Jean-Loup Fossard, DSR/DSC
Type d’analyse | Définition | Exemple de norme utilisée | Préconisations et limites requises par certaines normes de conservation |
---|---|---|---|
papier permanent | catégorie de papiers de conservation possédant un très haut degré de stabilité | ISO 9706 | |
papier pour documents d’archives | norme spécifique aux papiers non imprimés utilisés pour les documents et les publications ayant une haute valeur historique, légale ou autre | ISO 11108 :1996 | |
contenants pour phototypes | prescrit les caractéristiques physico-chimiques auxquelles doivent répondre les contenants utilisés pour le conditionnement des films, plaques et papiers photographiques | ISO 10214 :1991ANSI/PIMA IT9.2-1998 | |
réserve alcaline | substances ajoutées au papier (charges minérales le plus souvent) qui ont la propriété de neutraliser toute acidité apportée par l’extérieur ou produite par le papier lui-même | ISO 10716 | taux supérieur à 2% d’équivalent de carbonate de calcium (norme ISO9706) |
indice kappa | représentatif de la résistance à l'oxydation d'une pâte à papier, l'indice Kappa est lié à la quantité de lignine présente dans cette dernière | ISO 302 :1981 | inférieur à 5, valeur qui équivaut à un taux de lignine d’environ 1% (norme ISO 9706) |
composition fibreuse | les qualités physico-chimiques d’un papier dépendent beaucoup de l’origine des fibres et de la manière dont les pâtes sont fabriquées. Le bois notamment est constitué d’alpha cellulose stable liée à de la lignine ou de l’hémicellulose chimiquement instables qui sont éliminées lors des processus de fabrication par traitements chimiques (Kraft, bisulfite) | ISO 9184-2 (coloration Herzberg)ISO 9184-3 (coloration de Lofton-Merritt) | fibres de coton, linter de coton, de chanvre, de lin, de pâte chimique blanchie ou de mélanges de ces fibres (norme ISO 11108) |
pH | paramètre chimique définissant le caractère basique ou acide d’une solution aqueuse extraite à partir d’un papier | ISO 6588:1981 | compris entre 7,5 et 10 (norme ISO 9706) |
composés halogénés | Certains hétéroatomes tels que le chlore ou le soufre peuvent se combiner à l’oxygène ou l’hydrogène pour former des produits oxydants ou réducteurs très puissants. Ils peuvent également réagir avec l’eau pour donner lieu à des acides forts. | Test à la flamme (Cl) Test de Lassaigne(Cl, S, N) TAPPI T406 om (S réductible) |
moins de 0,0008% de soufre réductible (norme ANSI/PIMA IT9.2) |
résistance à la rupture | ce test se fait à l’aide d’un dynamomètre, appareil constitué de deux mâchoires entre lesquelles on tend l’échantillon. Celles-ci s’écartent à vitesse constante et le test s’arrête lorsque l’échantillon se rompt. Les deux sens du papier sont testés : sens travers (ST) et sens marche (SM) | ISO 1924-2 :1994 | |
dilatation | permet d’évaluer les variations dimensionnelles d’un papier ou d’un carton en fonction des variations de l’humidité ambiante | ISO 8226-1 (HR maximale de 68%)ISO 8226-2 1 (HR maximale de 86%) | |
test d’activité photographique | permet d’évaluer les interactions chimiques pouvant exister entre un matériau et l’image argentique d’un film ou la gélatine d’un papier photographique. Le pourcentage d’interaction est déterminé par comparaison des densités optiques du film ou du papier tests mis en contact avec l’échantillon avant et après vieillissement artificiel avec un témoin | ISO 14523 :1999 | - taux d’interaction avec l’image
argentique inférieur à +/- 20% - différence de densité par rapport au témoin inférieure à 0,08 unités - pas de marbrure |
Thi-phuong Nguyen, DSR/DSC/ CTBnF, laboratoire
En préparation du marché " boîtes, pochettes et protections pour documents photographiques destinées à la conservation des collections de la BnF " pour les années 2001-2003, une étude préliminaire sur les boîtes acquises durant la période 1998-2000 a été entreprise. Les résultats obtenus à l’issue de cette étude se sont révélés négatifs, le carton utilisé pour la fabrication de ces boîtes n’ayant pas été validé par le test d’activité photographique (voir description de ce test dans Actualités de la conservation n°16)
Suite à ces résultats, d’autres boîtes microfilms disponibles sur le marché européen ont été testées. Le but de ces analyses était de sélectionner un produit qui réponde au mieux aux différents critères préconisés pour la conservation des microfilms gélatino-argentiques sur le très long terme (destiné plus particulièrement aux collections de sécurité de microformes pour lesquelles le niveau d'exigence est particulièrement élevé) et également aux demandes particulières concernant la couleur et la rigidité du matériau.
Fournisseur | Type de montage | Carton | Adhésif | Grammage |
---|---|---|---|---|
SECAN 1er trimestre 1998 1er trimestre 1999 1er trimestre 2000 |
collée | Chronos® brun | copolymère PVA | 340 g/m2 |
Atlantis | clipsée | Atlantis Box Board= contre-collé 2 couches -face interne blanche -face externe grise |
copolymère PVA | 760 g/m2 |
Stouls | collée | Musée Van Gelder crème | copolymère PVA | 400g/m2 |
Cauchard | clipsée | contre-collé 3 couches -face externe grise -face interne blanche -carton (âme) blanc |
copolymère PVA | 1090 g/m2 |
Oekopack | collée | Canson mi-teinte 354 gris ciel | copolymère PVA | 300 g/m2 |
Fournisseur | composition fibreuse | pH aqueux | réserve alcaline | Test d’activité photographique |
---|---|---|---|---|
SECAN 1er trimestre 1998 |
Feuillus majoritaire + résineux Pâte 100% bisulfite blanchie et colorée |
8,6 +/- 0,1 | 10,2 % | refusé |
SECAN 1er trimestre 1999 |
idem | 8,5 +/- 0,1 | 10 % | refusé |
SECAN 1er trimestre 2000 |
idem | 8,7 +/- 0,1 | 11 % | refusé |
Atlantis (carton interne blanc) | Résineux majoritaire + feuillus Pâte 100% bisulfite blanchie |
8,7 +/- 0,1 | 7,9 % | refusé |
Stouls | Feuillus majoritaire + résineux Pâte 100% bisulfite blanchie |
8,6 +/- 0,1 | 3,2 % | refusé |
Cauchard | Résineux majoritaire Pâte 100% bisulfite blanchie |
8,0 +/- 0,1 | 3,6 % | refusé |
Oekopack | Coton (60% environ) + feuillu Pâte bisulfite blanchie |
7,9 +/- 0,1 | 2,4 % | accepté |
Il est assez surprenant de constater que sur les 7 échantillons de cartons analysés, un seul ait été validé par le test d’activité photographique.
Les différences de densités constatées avant et après vieillissement des films et des papiers photographiques tests mis en contact avec les cartons non validés restent toujours inférieures aux limites préconisées par la norme ISO 14523. Mais des taches de décoloration traduisant une oxydation non homogène de l’argent colloïdal apparaissent dans tous les cas. A cause de ces " moutonnements ", ces produits n’ont pas été validés.
Il faut préciser toutefois que l'étude avait pour but la recherche de boîtes carton utilisées pour le conditionnement des collections de sécurité (conservation sur le très long terme des matrices originales) ; ce qui explique le très haut niveau d’exigence choisi.
Même s’ils ne sont pas validés par le test d’activité photographiques, les cartons analysés répondent tous aux critères de permanence chimique requis par la norme ISO 9706 pour le papier permanent (pH compris entre 7,5 et 10, pâte chiffon ou pâte chimique blanchie, réserve alcaline supérieure à 2%). S’ils sont inaptes à l’archivage, on peut néanmoins les utiliser pour le conditionnement à court ou moyen terme des collections d’usage courant (communication, duplication, exploitation, etc.). Il faut ajouter que le matériau de conditionnement n'est pas mis en contact direct avec le microfilm, ce qui est le cas dans les conditions du test d'activité photographique.
Thi-phuong Nguyen, DSR/DSC/ CTBnF, laboratoire