Numérisation

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L'image numérique :
un enjeu pour la conservation ?

Arles, 10 - 12 juillet 2000

in Actualités de la conservation, n° 12, mai-août 2000

Ce pseudo colloque organisé par les Archives nationales et la DRAC-PACA, a permis de réunir des intervenants de tous horizons : conservateur des archives, conservateur du patrimoine, expert en image numérique, restaurateur de photographies, ingénieur de recherche...

Le public était, lui aussi, très diversifié : conservateurs, assistants de conservation du patrimoine, techniciens de recherche, techniciens d'art...

 

L'introduction a été l'occasion de faire le point sur les avantages de l'image numérique : facilité d'accès, confort de lecture, usage de la couleur, qualité grandissante des images, mais aussi ses inconvénients : investissement initial élevé, recours aux professionnels, indexation, évolution technologique très rapide, frein psychologique, conservation du support. Elle a été suivie d'une intervention sur le vocabulaire de base, les modes d'enregistrement et d'exploitation.

 

La qualité nécessaire de l'original numérique en fonction de l'usage qui doit en être fait a été l'objet d'un constat : la prise de vue numérique est à l'heure actuelle, encore problématique. C'est pourquoi nous continuons d'utiliser nos "bons Ektachromes", qui sont donc scannés et "retravaillés", ainsi pouvons-nous parler d' "original numérique".

 

Puis a été abordé le difficile problème de la couleur : "la numérisation peut-elle pérenniser la couleur ?". Il est certain que notre système visuel ainsi que l'écran et le scanner fonctionnent en couleurs primaires RVB (bleu-vert-rouge), néanmoins les couleurs reproduites sont composées de mélange des couleurs complémentaires YMC (yellow-magenta-cyan). Le rendu des couleurs dépend de l'état et des caractéristiques de chaque périphérique, c'est pourquoi il est impératif que le concept «gestion de la couleur» prenne en compte le comportement de ces matériels et recalcule chaque couleur. Ainsi la pérennité des " vraies couleurs" est-elle assurée.

 

Cette intervention a été suivie d'une présentation des différents systèmes de capture numérique et d'une synthèse de tous les types de supports, qu'il s'agisse de supports magnétiques, magnéto-optiques ou optiques, selon leur format et leur technologie. L'accent a été mis sur l'importance d'effectuer des copies, de les stocker dans des endroits différents et de conserver les originaux dans des conditions appropriées. En ce qui concerne les bandes magnétiques,  il a été recommandé de les retendre régulièrement et de faire des tests tous les 2 ans.

 

Quant à la numérisation de masse, elle doit pouvoir apporter des garanties de reproductibilité, de sécurité pour les originaux, de stabilité de l'information obtenue, ainsi qu'une rapidité d'accès au document et si possible un rapport qualité/prix raisonnable. C'est pourquoi il faut procéder non seulement à un cadrage soigné de chaque document, s'assurer d'une bonne netteté, nettoyer l'image voire la retoucher mais aussi avoir un niveau d'interprétation satisfaisant. Des photographes doivent intervenir pour corriger la numérisation des différents phototypes. Une organisation rigoureuse est indispensable pour le choix des documents, leur tri par formats, l'établissement de bordereau de récolement, la numérisation, l'intégration des données dans les différentes bases (locales voire nationales) et la gestion des cédéroms.

 

La conclusion qu'on peut dégager de ce colloque est qu'il est essentiel de définir les objectifs à atteindre (communication, archivage), de connaître le volume des données, de contrôler régulièrement la qualité de l'information sur les supports et d'assurer une veille technologique, ce que l'on peut appeler la "Conservation dynamique".

 

Ces séances ont été suivies d'une visite du Centre interrégional de conservation du livre (CICL) ainsi que des expositions de photographies dans le cadre des Rencontres d'Arles.

 

Elvire Setruk, DSC/Centre technique de Bussy-Saint-Georges