Politique de conservation

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65ème Congrès de l'IFLA

Bangkok, 19 - 28 août 1999

in Actualités de la conservation, n° 10, août-décembre 1999

Après avoir procédé à l'élection de son nouveau président, John Mc Ilwaine (Grande-Bretagne) en remplacement de Ralph Manning (Canada), le comité permanent de la section préservation conservation a présenté les grandes lignes de son programme :

Programme de la section
pour le Congrès de Jérusalem (2000)

La section des Livres rares propose de tenir un atelier commun sur le thème "Conservation des documents non papier". Cette proposition étant acceptée, la réunion pourrait avoir lieu à la National University library.

La proposition de John Mannerheim ( Suède ) de travailler sur le thème "Conserver ou non le Web ?" est retenue par le comité. La visite d'une bibliothèque privée possédant un très beau fonds ancien à Jérusalem Est est prévue. Un post-symposium "Gérer la conservation des périodiques et de la presse" est organisé à la BnF, du 21 au 24 août 2000. Le pré-programme a été validé par le comité d'organisation.

 

Programme de la section
pour le Congrès de Boston (2001)

Le titre : "Issues in digitization as a preservation measure" est provisoirement retenu pour l'atelier commun et une association est envisagée avec la section Nouvelles technologies.

La proposition d'une séance commune avec la section Construction des bibliothèques, sur le thème de la gestion préventive des désastres dès la construction ("Mitigating risks and implementing preservation measures when building a library") a été présentée.

 

Nouveaux projets de la section

Une proposition : créer et maintenir à jour un répertoire des normes et ouvrages de référence dans le domaine de la conservation, en y incluant une activité de traduction. Cette proposition va dans le sens d'une résolution de LIBER.

 

Programme à moyen terme

  • L'établissement de liens concrets avec les associations professionnelles nationales (notamment avec l'ALA) pour promouvoir les objectifs communs.
  • L'organisation d'une enquête auprès des bibliothèques nationales (et autres) pour connaître les montants et les pourcentages des dépenses liées à la conservation dans le budget des bibliothèques.

Suivi des travaux du Congrès

Atelier "Récents développements dans les bibliothèques en Afrique"

Trois exposés très complémentaires et particulièrement motivés de Stan Madé ( Zimbabwe ), Raphaël Ndiayé (Sénégal) et Fatogoma Diakité (Mali).

 

A travers trois expériences assez différentes, ces présentations ont mis en valeur l'histoire "importée" des bibliothèques en Afrique : bibliothèques d'abord réservées à l'administration coloniale, puis bibliothèques de centres culturels et plus récemment "l'africanisation" progressive de l'idée de bibliothèque, qui dans son modèle "traditionnel", à l'occidentale, se heurte en Afrique à de multiples contraintes : faiblesse de l'alphabétisation, antagonisme entre la vie communautaire traditionnelle et la lecture isolée, rupture entre la tradition orale et la civilisation de l'écrit, faiblesse de l'édition dans les langues locales, difficulté de distribution. Mais les différentes opérations menées depuis une vingtaine d'années par des bibliothécaires africains, soucieux non pas de créer des bibliothèques mais l'envie de lire, ont abouti à de notables succès : Opération Acacia au Sénégal pour la collecte sur le terrain de la tradition orale et sa restitution par le biais de radios ou de cyber-cafés dans les villages ; Opération lecture publique au Mali, par implantation dans chacun des 46 cercles administratifs (c.à.d. les 46 villes principales) d'une bibliothèque demandée et gérée par les habitants, bibliothèque dont le fonds de livres et de presse est complété également par une audiothèque à l'enrichissement de laquelle le bibliothécaire contribue en allant enregistrer chez les détenteurs de la tradition orale des contes, des connaissances pratiques, qui seront ensuite centralisées, voire transcrites et éditées à Bamako.

 

La croissance de la notoriété de la profession de bibliothécaire et le développement des formations professionnelles incluant largement les problèmes liés à la tradition orale semblent être le meilleur signe de l'appropriation directe par les Africains de la bibliothéconomie qui leur convient.

 

Séance publique "Gestion de la conservation des collections : une approche complémentaire des traitements unitaires"

Sonia Jordan, présidente de séance rappelle en entrée, que la base d'une bonne gestion de la conservation suppose que les étapes suivantes aient été franchies : état des lieux, sélection et priorisation des collections à traiter, établissement de programmes à long terme et - mais seulement à ce stade - recherche de financement.

 

John Dean, directeur de la conservation à la bibliothèque de Cornell University, présente ensuite le programme d'action de Cornell en faveur du Sud - Est asiatique, notamment par l'organisation de stages de six mois aux Etats-Unis pour les bibliothécaires birmans, vietnamiens, thaïs. et par l'aide à la conception de programmes à long terme.

 

Galina Kislovskaya, de la Bibliothèque de littérature étrangère à Moscou, insiste ensuite sur la nécessité de faire participer l'ensemble des acteurs de la chaîne de traitement du livre à la définition des besoins de conservation : les acquéreurs et catalogueurs notamment doivent contribuer à déterminer les priorités de traitements en fonction de l'usage prévisible ou réel des documents. Elle rappelle également que le manque de moyens conduit souvent à ne pouvoir agir que de façon très basique sur les conditions générales de conservation (étanchéité des locaux, dépoussiérage) et par un conditionnement minimum des documents, encore que le coût élevé des papiers et cartons de conservation entraîne souvent la poursuite de l'utilisation de cartons acides.

Le centre PAC de Moscou travaille à la mise sur pied en Russie d'une production de carton permanent.

 

L'exposé de Gabriel Alegbeleye sur la situation africaine, puis les questions des participants du sud-est asiatique, concluent cette séance en rappelant combien la coopération nationale et internationale est importante, d'autant plus importante que les moyens sont plus faibles. Nombreux sont également ceux qui souhaitent rappeler qu'il ne faut pas à tout prix chercher à obtenir des "jouets" coûteux, sophistiqués et impossibles à maintenir en état de marche, aussi longtemps qu'un premier ensemble de décisions basiques, de bon sens, n'est pas pris et mis en application.

 

Séance publique "Patrimoine oral : histoire et futur de l'audiovisuel"

Cette séance inaugurale de la nouvelle section audiovisuelle a été marquée par l'exposé particulièrement complet de Joëlle Garcia sur la situation française.

Les expériences thaï, kenyane et argentine ont fait l'objet d'approches variées (cf. rapport de J. Garcia).

 

Atelier "Tactiques de conservation"

Deux communcations particulièrement intéressantes pendant cet atelier : en premier lieu, celle de Debra Mc Kern, de la Bibliothèque du Congrès, en second lieu celle d'Helen Shenton, nouvelle responsable de la conservation à la British Library.

Debra Mc Kern a présenté de manière détaillée la méthode employée par la Bibliothèque du Congrès pour déterminer ses programmes de conservation. Elle a tout d'abord rappelé les trois niveaux d'intervention possibles :

  • niveau global : les traitements de prévention (environnement, recherche, formation, plan d'urgence, normalisation, enquête sur l'état de conservation)
  • niveau des collections : les traitements de stabilisation (entretien, reliure, réparations/maintenance, désacidification)
  • niveau des documents : les traitements de reproduction (microfilmage, numérisation, transfert des documents audiovisuels) et de restauration (reliure, papier, photographies).

Les coûts des traitements augmentent progressivement du premier au troisième niveau. Un niveau de priorité - et donc d'option de traitement - de 1 à 5, est affecté à chaque document en croisant trois critères : état (bon ou mauvais), usage (haut ou bas), valeur du document (platine, or, bronze ou cuivre).

Debra Mc Kern a terminé son exposé en rappelant les choix techniques faits par la LC concernant la reliure (trois types : sur mesure, standard, économique), la désacidification et le conditionnement (" phase box "). Une estimation récente évalue à 3 millions les documents devant faire l'objet d'une première reliure ou d'une nouvelle reliure.

La communication d'Helen Shenton portait sur les macro- et micro-climats à la British Library. Après un rappel des valeurs données à titre de consigne, il est apparu qu'il y a tout intérêt à jouer aussi sur la stabilisation du micro-climat par le conditionnement assez systématique des collections, une étude ayant démontré le rôle joué par les boîtes en faveur de l'inertie des conditions thermohygrométriques.

Une analyse des coûts des différents types de conditionnements a été menée : les résultats s'étagent de 50£ pour une boîte sur mesure recouverte à 4,5£ la "phase box" réalisée en interne à la machine. Des recherches sont également en cours pour évaluer l'intérêt d'une mise sous vide des journaux après reproduction.

Deux interventions dans la salle rappelaient la circonspection avec laquelle doit être développée la climatisation dans les pays non tempérés : les manuscrits birmans les plus précieux seraient parfaitement conservés depuis trois ou quatre siècles, enveloppés dans du coton, dans un magasin enterré, sans climatisation ; les manuscrits philippins, eux, se seraient considérablement détériorés depuis l'installation de l'air conditionné (l'élévation du niveau de pollution ayant certainement joué un rôle également).

 

 

Marie-Lise Tsagouria, DSC, service Préservation