Micrographie

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Le contrôle qualité en micrographie

in Actualités de la conservation , n° 10, août-décembre 1999

Combien de microformes, ayant quelques décennies, sont aujourd'hui inexploitables du fait d'une qualité insuffisante et d'un contrôle inexistant lors de leur fabrication ? C'est pourquoi il est primordial qu'un contrôle qualité en bonne et due forme soit effectué par des spécialistes de la micrographie.

Ce contrôle est effectué, actuellement et ce depuis 2 ans, sur un échantillon de 15% de l'ensemble des microformes, qu'elles soient réalisées par les ateliers internes à la BnF (Richelieu, Tolbiac, Sablé ou Marne-la-Vallée) ou par des prestataires extérieurs. L'équipe du secteur reproduction du Centre technique de Marne-la-Vallée en a la charge.

 

Le contrôle consiste en un ensemble de vérifications aussi bien sur la microforme elle-même que sur son conditionnement. Dans la mesure du possible ces contrôles sont effectués à partir de la deuxième génération c'est-à-dire la copie d'exploitation réalisée pour la filmothèque de l'atelier du service reproduction du site Tolbiac. Au moindre doute quant à la qualité de la microforme, l'origine de la malfaçon est identifiée à partir de la matrice (c'est-à-dire la première génération).

En ce qui concerne le microfilm, il doit présenter une amorce de début et de fin de film de 700 millimètres minimum. Ensuite vient la lecture de la mire ISO, " qui permet le contrôle de l'aptitude des systèmes micrographiques à produire des images lisibles sans perte d'information et sans fatigue visuelle ". La mire ISO la plus utilisée en France est la mire ISO 1, composée de caractères en forme d'octogone comprenant deux bandes, intérieures, parallèles à l'un des côtés. A chaque groupe de quatre caractères, appelé mot ISO, est associé un nombre qui correspond à la hauteur des caractères qui le composent, lequel est exprimé en centième de millimètre. Afin d'avoir une bonne lecture de la mire, il est impératif de la lire avec une loupe binoculaire ayant un grossissement compris entre X 30 et X 50. Les caractères de la mire ISO devant être lus varient en fonction de l'échelle de réduction (à titre d'exemple : pour un taux de réduction compris entre 5 et 10, les caractères portant le numéro 45 doivent pouvoir être lus.). Il serait beaucoup trop long de donner tous les détails ici (se reporter au recueil de normes AFNOR).

Pour ce qui est des densités, le relevé se fait sur le fond de la micro-image à l'aide d'un densitomètre. D'une part, la mesure de la densité des zones non exposées, désignée en photographie par la densité du support + voile, doit être inférieure à 0.16 pour la première génération et 0.20 pour les générations suivantes sur un film de polarité négative ; d'autre part, les microformes (d'aspect négatif) doivent avoir des densités sur le fond de la micro-image comprises entre 0.90 et 1.50 selon le groupe auquel appartient le document d'origine. En effet, la norme NFZ 43-005 détermine quatre groupes de classification des documents :

 

Quatre groupes de classification des documents selon la norme NFZ 43-005
Classification Description des documents Densité du fond de la micro-image Contraste image minimal
Groupe 1 Doc. Imprimés ou dactylographiés de haute qualité 1.30 à 1.50 1.14
Groupe 2 Doc. Avec graphisme fins, écriture au crayon gras... 1.15 à 1.40 0.99
Groupe 3 Dessins au crayon et à l'encre, impression pâle.... 1.00 à 1.20 0.84
Groupe 4 Manuscrits et dessins au crayon très pâle... 0.90 à 1.10 0.74

 

Après ces différents contrôles pratiqués en plusieurs endroits de la microforme, une vérification porte sur les rayures, les taches ou les zones (quand les densités d'une même micro-image présentent des écarts de plus de 10%). Le cas échéant, une réfection de la microforme est demandée.

Un autre contrôle peut être effectué quelques jours après le développement du film, pour vérifier le taux résiduel de thiosulfate qui doit être inférieur à 0,007 g/m². S'il est supérieur, conséquence d'un lavage insuffisant, il y a risque de sulfuration de la micro-image ce qui entraîne, à moyen terme, une " coloration " jaune dans les densités les plus basses.

Ce contrôle peut être effectué par le laboratoire d'assistance scientifique et technique du Centre technique de Marne-la-Vallée.

En ce qui concerne le conditionnement des microfilms il est souhaitable de mettre une cravate ou une bandelette de papier neutre autour du film, avant de le ranger dans une boîte en carton neutre ou en polycarbonate ou encore en polypropylène. A préciser que l'utilisation d'élastique autour d'un microfilm est totalement proscrite. Quant aux microfiches elles sont mises sous pochettes de papier neutre ou permanent, et dans une même pochette, les microfiches sont séparées par un intercalaire d'un papier de qualité identique.

 

Quelques définitions

 

Elvire Setruk, DSC / Centre technique de Bussy-Saint-Georges