Restauration

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Restauration du fonds de papiers peints
du département des Estampes et de la photographie

in Actualités de la conservation , n° 10, août-décembre 1999

Connu pour la richesse et la diversité de ses collections de gravures, le département des Estampes et de la Photographie l'est peut-être moins pour son fonds de papiers peints, entré à la fin du XVIIIe siècle, en application des lois mises en place pendant la période révolutionnaire pour la défense de la propriété intellectuelle et artistique.

Le fonds ( cote Li-14-Fol à Li-24c-Fol ) composé d'environ 2250 échantillons, regroupés en 13 volumes reliés (série principale) et 13 volumes brochés (série de doubles), est d'un grand intérêt pour les historiens du papier peint en raison de son homogénéité chronologique (les dépôts - datés - couvrent la période 1799 - 1803 ) et de l'identification précise de chaque échantillon (nom du fabricant et numéro de catalogue). Il n'avait jusqu'à présent fait l'objet d'aucun dépouillement. De 1995 à 1999, Christine Velut, élève de l'École normale supérieure et chargée de recherches documentaires au département, a réalisé le catalogue complet de la collection. Ce catalogue sera disponible dans la base Bn-opaline dans le courant du premier semestre 2000. Une publication est également prévue. Cette opération de catalogage a été l'occasion d'entreprendre, au centre de Sablé, une opération de restauration et de microreproduction de la série principale du fonds.

État du fonds

La première série a été reliée au début du XIXe siècle par la Bibliothèque dans de grands volumes recouverts de papier à la colle rose. Les échantillons sont soit montés sur onglet, soit repliés côté dos et pris directement dans la couture. La seconde série est rassemblée dans des volumes brochés en papier bleu constitués également au début du XIXe siècle, où les échantillons sont montés sur onglet.

Le mode de conservation adopté au siècle dernier pour la série principale, qui visait sans doute à permettre une consultation aisée, a à la fois protégé et dégradé la collection. Les échantillons, à l'abri de la lumière, ont conservé des couleurs d'une grande fraîcheur. Par ailleurs, le format choisi pour les albums ( environ 60 x 37 cm ) correspond à la taille moyenne des échantillons, qui, ainsi, ne présentent souvent aucun pli en gouttière. En revanche, ceux des albums où les papiers faisaient onglet dans la couture ont beaucoup souffert à l'endroit où les échantillons étaient pris dans le dos (trous de la couture, encollage du dos). De plus, certains volumes contiennent de très grands échantillons qui ont dû être repliés plusieurs fois pour tenir dans les volumes. Enfin, sous le poids, les corps d'ouvrages se sont affaissés, provoquant une dégradation des tranches de queue.

La première étape du travail a consisté à faire réaliser par Isabelle Drieu La Rochelle, restauratrice indépendante spécialisée dans les interventions sur les papiers peints, un état de la conservation du fonds. Sur la base de ses observations et au vu des capacités de stockage du département, il a été décidé de garder, après restauration des échantillons, un mode de conservation en reliures, où les papiers seront montés sur onglets. Le format des albums sera choisi de telle manière que les échantillons soient pliés au plus une fois. Seuls les très grands échantillons seront conservés à plat dans des boîtes à part. Les documents feront l'objet, avant remontage, d'un microfilmage noir et blanc de sauvegarde. La collection impose également une couverture couleurs. Si l'idéal est une reproduction numérique associée au catalogue, le choix du procédé n'a cependant pas encore été fait.

Le travail a été confié au centre de Sablé, qui possède à la fois des ateliers de restauration des documents en feuille, des ateliers de traitement des reliures et des ateliers de microfilmage.

 

La restauration des échantillons

Le travail de restauration des papiers a débuté en 1999, par le démontage des albums. Chaque phase de l'opération a été photographiée, afin de constituer un dossier sur les reliures. A partir de juillet 1999, les trois techniciens d'art de l'atelier des grands formats de Sablé ont commencé les interventions sur les papiers eux-mêmes, selon un protocole défini en commun par le département des Estampes, les ateliers de Sablé et Mme Drieu La Rochelle. A partir de septembre 1999, les deux techniciens d'art de l'atelier des documents en feuilles les ont rejoints sur le chantier, dont l'achèvement est prévu pour juin 2000.

 

 

Corinne Le Bitouzé, DCO, Département des Estampes et de la photographie

Restauration de papiers peints

Après le démontage des reliures, l'étape importante est le dépoussiérage des documents à l'aide d'une brosse ou d'un pinceau doux pour éliminer toutes traces de poussière de particules étrangères.

Un gommage est nécessaire pour éliminer les traces résistantes au dépoussiérage. Il est indispensable de tester les couleurs avant d'utiliser soit une gomme en poudre soit une gomme Wishab. Certains pigments sont composés de poudre fine qui risque de disparaître au contact de la gomme, d'autres documents sont composés de matières particulières comme des couleurs en épaisseur, des paillettes ou des tantisses. Pour ces cas là le dépoussiérage suffira avec un pinceau ultra doux, genre pinceau à poils de chèvre.

Une humidification à la vapeur ou avec un pulvérisateur permettra de détacher les feuilles collées les unes aux autres et d'éliminer les traces de colle de reliure : il s'agit en général d'une colle type gomme arabique qui se dilue facilement à l'eau. Il suffit de surveiller la chaleur et l'humidité apportées aux documents car la peinture est très sensible à ces deux paramètres. L'utilisation d'un gel (genre laponit ou méthylcellulose) est à exclure car cela risquerait de modifier l'aspect de la peinture et de la rendre mate.

Une légère humidification d'abord sur le verso et ensuite sur le recto (si la peinture le supporte) permettra un allongement du papier pour le remettre à plat. Avant la mise sous poids, il faut consolider les plis (ceux-ci marquant très fortement le papier) à l'aide d'un papier japon de 11g et d'une colle d'amidon très liquide. Ensuite il faut procéder au comblage des lacunes avec un papier vergé de Fleurac de 100g pour les lacunes les plus importantes et un papier japon de 25g en une ou deux épaisseurs pour les plus petites.

Les retouches couleurs ne seront pas effectuées, seules de légères remises au ton pourraient être faites lorsque la lacune est très importante.

 

 

Nadine Castex, DSC, Centre Joël le Theule