Dunhuang (fonds)

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La conservation des documents Pelliot

in Actualités de la conservation, n° 0, juillet 1996

Avant la seconde guerre mondiale beaucoup de documents en feuilles ainsi que des fragments de documents, conservés au Département des Manuscrits, division orientale, de la Bibliothèque nationale, ont été présentés ou communiqués entre deux plaques de verre. Le verre - présentant l'inconvénient majeur de se casser facilement - a été progressivement remplacé par des feuilles en diacétate de cellulose du nom de marque Rhodoïd de la société Rhône Poulenc. Ce matériau a été utilisé depuis le début des années 50 jusqu'au milieu des années 70.

 

Les documents ainsi montés appartiennent au "fonds Pelliot", du nom du sinologue qui les découvrit lors de sa mission archéologique au Turkestan chinois (1906-1908). Il s'agit :

Malheureusement les feuilles de Rhodoïd se sont dégradées avec le temps et présentent actuellement, à des degrés divers, gondolement, suintement gras et dégagement d'une forte odeur d'acide acétique.

 

Pour sauver ces manuscrits, un programme a débuté en 1993 et est mené sous la responsabilité de la Direction des Services de Conservation et de la division orientale du Département des Manuscrits de la Direction des Collections Spécialisées. Il est soutenu par la mission de la recherche de la Direction du Développement Scientifique et des Réseaux.

 

Les peintures et xylographies ont été démontées en premier, parfois restaurées et reconditionnées par Françoise Boussard, technicienne d'art.

 

En octobre 1993 un groupe d'étudiants de la Maîtrise de Sciences et Techniques "conservation-restauration des biens culturels" de l'Université de Paris I a proposé une méthode de reconditionnement provisoire des documents en attendant leur traitement et leur reconditionnement. L'une des étudiantes a poursuivi son stage de maîtrise au Département des Manuscrits pour évaluer les dégradations des documents Pelliot et pour proposer de nouveaux matériaux de conditionnement plus stables. Dans le cadre de cette étude des analyses ont été réalisées par les laboratoires d'EDF grâce au mécénat de VALECTRA.

 

Les résultats de ces études ont été présentés lors du second séminaire international sur la Conservation des manuscrits de Dunhuang et d'Asie centrale qui s'est tenu du 7 au 9 février 1996 à Paris et à Chantilly et qui a réuni une quarantaine de spécialistes internationaux des œuvres sur papier et textile en provenance de Dunhuang et d'Asie centrale.

 

Depuis janvier 1996, Brigitte Dumont et Annick Lecas, techniciens d'art spécialement mises à la disposition du programme par les Services de restauration de la Direction des Services de Conservation ainsi qu'Eléonore Kissel, restauratrice de documents graphiques engagée en tant que vacataire, poursuivent les travaux.

Le démontage des collections endommagées et le reconditionnement provisoire sont réalisés par Brigitte Dumont et Annick Lecas. Il s'agit d'une opération souvent délicate en raison de l'extrême fragilité du papier et de l'écaillage parfois prononcé des apprêts et des encres. Après démontage des documents le pH des documents et des conditionnements est mesuré. Des pochettes en papier permanent sont fabriquées pour reconditionner provisoirement les documents démontés.

Eléonore Kissel avec l'assistance technique de Marie-Claude Gaspard, chargée de la formation à la Direction de l'Informatique et des Nouvelles Technologies, est chargée de la réalisation d'une base de données, fonctionnant sous Access et comprennant le constat d'état de chaque document ainsi que toutes les informations relatives à la collection. Cette base permettra ultérieurement de suivre le déroulement des opérations de conservation. Elle constituera par là-même un outil précieux de gestion de la collection Pelliot.

 

En vue de la mise au point de traitement des documents endommagés, des échantillons de papier neuf ont été encapsulés entre des feuilles de Rhodoïd altérées. Les échantillons s'imprègnent des acides et des produits gras dégagés par le plastique, ce qui permettra de faire effectuer des analyses, afin de les identifier, puis de comprendre les mécanismes des altérations provoquées par ces produits et d'expérimenter des traitements.

 

Astrid Brandt
Eléonore Kissel