Restauration

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La conservation des documents graphiques et
photographiques

in Actualités de la conservation , n° 0, juillet 1996

A la demande du département des Estampes et de la Photographie, un échange de vues a eu lieu sur les principales techniques utilisées dans les ateliers de restauration. Cette réunion a permis la diffusion de recommandations.

 

En ce qui concerne le blanchiment, il a été décidé de ne plus employer l'hypochlorite de sodium (eau de Javel) à des fins de restauration.

 

La question de la poursuite de l'utilisation du borax (tétraborate de sodium) comme agent de désacidification aqueuse a été également posée. L'atelier du département des Estampes et de la Photographie n'utilise cet agent que dans un but de blanchiment et de manière très ponctuelle. Cette technique est essentiellement utilisée par les centres de Provins et de Sablé pour le traitement des documents imprimés contenant du papier acide à base de pâte mécanique encollé à la colophane (livres et périodiques des 19ème et 20ème siècles). L'abandon du borax, étant donné la perte de résistance mécanique des papiers traités par ce procédé, a été finalement recommandé.

 

Pour le traitement en désacidification aqueuse des documents imprimés, l'hydroxyde de calcium a été choisi comme produit de remplacement. Ce produit a fait récemment l'objet d'une série d'analyses par les laboratoires des Services de restauration (Richelieu) et du Centre de Sablé. Les résultats obtenus pour le pH et la réserve alcaline des papiers traités sont satisfaisants dans l'ensemble. Par ailleurs, l'utilisation de la méthode à l'hydroxyde de calcium est aussi simple et peu coûteuse que celle au borax. Il sera cependant important de conduire des tests de résistance au vieillissement des papiers traités, car la solution d'hydroxyde de calcium est très alcaline et risque éventuellement d'induire des réactions d'oxydation au niveau de la cellulose. Cette méthode est déconseillée pour les encres manuscrites, car le pH des solutions traitantes est trop élevé et risque de déstabiliser ce type d'encres. Dans ce dernier cas, on utilisera des solutions désacidifiantes à base de spray (Wei T'O ou Bookkeeper).

 

L'emploi d'une autre technique de désacidification aqueuse, celle à la dolomite, utilisée actuellement dans de nombreux ateliers de restauration en Allemagne, a été également évoquée. Ce procédé nécessite cependant l'acquisition d'une installation spécifique de traitement de l'eau (déminéralisation et enrichissement en dolomite). Il se pose alors la question de l'investissement et de la maintenance en relation avec la réelle efficacité du procédé : le pH est compris entre 6 et 9, mais la réserve alcaline n'est que de l'ordre de 0,3 % en équivalent de calcium contre 1,5 % avec la méthode à l'hydroxyde de calcium. Ces questions doivent être approfondies dans les mois à venir.

 

En ce qui concerne le colmatage, on ne peut parler d'une seule technique applicable dans tous les cas, mais d'un choix en fonction des documents à traiter. La question de l'emploi de papier contemporain du document pour le comblage des lacunes exige une approche plus large : les pratiques de la Bibliothèque nationale de France ont puisé leurs éléments constitutifs dans une approche essentiellement bibliophilique; ainsi le choix du papier de réparation est avant tout un choix d'ordre esthétique, ne tenant pas forcément compte de l'aspect conservation pur. Il est possible de satisfaire les deux critères mais cela sous-entend un long travail de recherche de la part des restaurateurs à partir des boîtes de papiers dits "anciens" des ateliers, ainsi qu'un long travail d'identification par le laboratoire, à savoir la détermination de la nature de l'encollage, du pH et de la composition fibreuse. Bien sûr tout dépend de la quantité et de la nature des documents à consolider. Les Estampes ne présentent pas les mêmes cas que les Cartes et plans ni même que les Imprimés. Le choix de la mécanisation (table aspirante ou colmateuse) peut satisfaire à la fois dans de nombreux cas au critère esthétique, à la diversité des documents et à la qualité de travail.

 

En ce qui concerne le montage photographique, la question de l'emploi de cartons à réserve alcaline pour le montage des épreuves photographiques a débouché sur la nécessité de préciser les types de procédés photographiques pouvant être concernés (exemple : procédés photographiques positifs couleurs, cyanotypes albuminés). Patrick Lamotte, technicien d'art en chef, spécialiste de la restauration des documents photographiques à l'atelier du département des Estampes et de la Photographie, a été chargé d'établir la liste des procédés concernés, d'effectuer des tests et d'étudier l'incidence financière qu'aurait pour ce département le choix d'un carton neutre.