« Il y a toujours une issue » : c'est ainsi que la philosophe Vinciane Despret formule, dans son Autobiographie d'un poulpe, la conviction qui anime le céphalopode. Cette faculté d'évasion du poulpe, capable de se faufiler dans la moindre brèche, a aussi marqué Damien Deroubaix qui expose actuellement ses œuvres sur le site Richelieu de la BnF. Il en a fait la figure centrale du vaisselier Time goes on, présenté à l'extrémité de la galerie Mansart - place de choix pour cet animal dans lequel l'artiste voit « un symbole du peintre, par son aspect de coloriste virtuose ». L'œuvre protéiforme de Deroubaix, qui navigue entre peinture, gravure et sculpture, est de fait peuplée d'un bestiaire inquiétant. Les singes, chiens, chats, vaches et autres insectes que l'on croise dans l'exposition Damien Deroubaix. En un jour si obscur sont souvent empruntés aux artistes qui l'ont précédé : le cheval de La Nuit vient tout droit de La Mort de Sardanapale, tandis que le taureau figurant sur la gravure El origen del Mundo (n° 5 : Downfall) fait écho à la vache de Guernica. L'artiste s'en explique dans l'audioguide de l'exposition : « Delacroix copiait Rubens, Manet copiait Delacroix, Picasso copiait Manet, Picasso copiait Rembrandt, Picasso copiait Cranach. Moi aussi, je fais des références aux grands maîtres, et cela semble permettre de compléter la boucle dans l'exposition. » Au fil du parcours, des gravures de Dürer, Rembrandt, Schoengauer ou Picasso viennent ainsi éclairer l'œuvre sombre et acérée de Deroubaix, peintre-poulpe qui trouve son issue dans l'art. |
|