« Ah ! Je ris de me voir / Si belle en ce miroir / Est-ce toi, Marguerite / Est-ce toi ? / Réponds-moi, réponds-moi / Réponds, réponds, réponds vite ! » Le fameux « air des bijoux » du Faust de Gounod résonne à plusieurs reprises dans les Aventures de Tintin. Bianca Castafiore l'entonne pour la première fois dans Le Sceptre d'Ottokar publié en feuilleton dans les pages du Petit Vingtième en 1938 et 1939. Ce personnage de cantatrice haute en couleurs, à la puissance vocale telle qu'elle peut faire exploser des verres, évolue au fil des albums, des Sept Boules de cristal (1948) à Tintin et les Picaros (1976), en passant par L'Affaire Tournesol (1956). De nombreux tintinologues ont cherché à identifier les modèles dont Hergé - qui avouait que l'opéra l'ennuyait - a pu s'inspirer pour créer le « rossignol milanais ». Sont parfois cités les noms de Renata Tebaldi, de Maria Callas qui enregistre l'« air des bijoux » précisément l'année où paraît l'album Les Bijoux de la Castafiore (1963), ou de chanteuses d'opéra qui les ont précédées, à l'image d'Aïno Ackté. Cette cantatrice finlandaise, qui fit sensation sur les scènes parisiennes de la fin du XIXe siècle, en a enregistré en 1905 une version que l'on peut aujourd'hui écouter dans Gallica sans prendre le risque de voir des vitres se briser. |
|