Au lit, avec un petit-déjeuner et la presse du jour, tel était le rituel quotidien de Winston Churchill. Plus matinal, Benjamin Franklin raconte dans ses Mémoires qu'il démarrait à 5 heures en se demandant « Que ferai-je de bien aujourd'hui ? ». Simone de Beauvoir, quant à elle, se faisait un thé puis se mettait au travail de 10 à 13 heures. Bien commencer la journée, c'est tout un art, si l'on en croit la quantité de livres et vidéos de développement personnel consacrés depuis quelques années aux morning routines. On pourra leur préférer Ce matin, je pensais..., qui vient de paraître aux éditions de la BnF. Dans cet album de Sandol Stoddard Warburg illustré par Ivan Chermayeff, publié aux États-Unis en 1960 et pour la première fois traduit en français, il est aussi question d'un rituel matinal. Celui-ci met en scène un parent pressé et un enfant silencieux absorbé par une cascade de pensées. Aux injonctions de l'adulte (« Enfile ta chemise, la jaune », « Maintenant va vite te laver les mains et frotte bien ») répond la voix intérieure enfantine : « Je pensais aux mains, aux pieds, aux jambes, aux bras. Si les bras étaient des jambes, et si les jambes étaient des bras, je marcherais sur la tête, et pour mes orteils plus besoin de chaussettes. » Son esprit vagabonde, du vestiaire qu'on l'enjoint à revêtir au bestiaire du « super gigantesque cirque » qui déploie ses animaux colorés au fil des pages. Les rêveries de l'enfant gonflent crescendo et culminent dans un débordement d'amour : « Je pensais à combien je t'aime : un million, un zillion, un krillion, un gorillion, un zébrillion, un rhinocillion, un éléphantillion. » Lire à voix haute Ce matin, je pensais... : on vous met au défi de trouver une meilleure manière de commencer la journée. |
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