« Filmer, c'est entamer le monde, exactement comme un acide entame un matériau, affirmait en 2006 le cinéaste Jean-Louis Comolli. De ce point de vue-là, le cinéma est corrosif, il corrompt le monde qu'il filme, il ne le laisse pas intact. Toute l'histoire du cinéma documentaire l'atteste. » Avec ses quelque 1 500 projections partout en France, le Mois du film documentaire vous permet de confronter cette définition sans appel aux films montrés près de chez vous. Au risque d'être, à votre tour, entamé par ce que vous aurez vu. Plusieurs séances sont prévues sur le site François-Mitterrand de la BnF, en lien avec la thématique choisie pour l'édition 2023, « Prendre la parole ». Vous y découvrirez des courts-métrages de Pang-Chuan Huang et Chris Marker ou des films de Michelle Porte, qui fait dialoguer cinéma documentaire et littérature. Entre deux séances, vous pourrez explorer les documentaires disponibles dans Gallica, des films de Bertrand de Solliers et Paule Muxel à ceux d'Armand Chartier ou de Jeanne Menjoulet, en passant par les « documenteurs » de Laurent Roth ou les films militants du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. La Pause BnF a choisi parmi eux quelques pépites disséminées au fil de ce numéro...
 
On se demandait : où se trouve le centre de l'univers ?
Chez Maryse, à Cunlhat, en Auvergne. Dans ce bar-tabac aux volets menthe à l'eau, les gens du coin viennent prendre un demi ou un ballon de blanc et grignoter les cacahuètes salées que Maryse dispose dans les coupelles des tasses à café. On y parle de tout et de rien, on commente les jeux à gratter qui circulent de mains en mains : « Que tu grattes vite ou que tu grattes doucement, ça change rien. » Paule Muxel et Bertrand de Solliers y ont posé leurs caméras en 2009. Le film qui en résulte fait partie de la trilogie Le Centre de l'univers : bistrots et cafés en Auvergne, visible en intégralité sur Gallica. Pour en savoir plus sur l'œuvre d'écoute et de patience menée depuis la fin des années 1980 par ce couple de documentaristes, ne manquez pas la série de billets que leur consacre ce mois-ci le blog Gallica.
 
« On ne joue que l'invivable au théâtre. La tragédie. La tragédie, c'est l'invivable. »
C'est Marguerite Duras qui le dit, dans le film Savannah Bay c'est toi de Michelle Porte.
Le film sera projeté samedi 18 novembre à l'occasion de l'après-midi consacrée à Michelle Porte.

 
Vous venez ?
📆 Tout au long du mois de novembre I Autour de la saison photographique à la BnF
De nombreux événements accompagnent l'exposition Noir & Blanc : une esthétique de la photographie, présentée sur le site François-Mitterrand. Retrouvez ici le programme des projections, conférences et colloques.
📆 Mardi 14 novembre I Jouir
Après « Trembler » (et avant « Rêver »), le cycle de conférences consacré aux « mauvais genres » littéraires se penche sur la sensualité et l'érotisme qui innervent l'histoire de la littérature. En savoir plus ici.
📆 Mardi 21 novembre I La place des femmes en bibliothèque
Une après-midi d'étude s'intéresse à la place que les femmes ont occupée dans les bibliothèques au fil du temps, qu'il s'agisse de celles qui y travaillent, de celles qui les fréquentent, ou des collections qui y sont conservées et mises en valeur. Retrouvez le programme ici.
📆 Mercredi 22 novembre I Les rendez-vous du politique
Alors que la guerre en Ukraine a rebattu les cartes en Europe centrale, des chercheurs et experts détaillent les débats qui traversent les pays d'Europe centrale sur les orientations géopolitiques et stratégiques à mettre en œuvre vis-à-vis de la Russie, de l'Union européenne et de l'OTAN. En savoir plus ici.
📆 Vendredi 24 novembre I Droit(s) et architecture
L'édition 2023 du cycle de colloques « Droit(s) et... » examine cette année les problématiques juridiques posées par l'architecture, à un moment où la BnF vient de clore un chantier d'ampleur à Richelieu et se projette sur un nouveau site à Amiens. En savoir plus ici.
 
#BnFattitude
BnF attitude
Hier c'était sa première fois à la BnF. Elle est dans une école de commerce, elle vient préparer son oral de master en ressources humaines. Elle a terminé l'écrit la semaine dernière et sa soutenance est le lendemain. Lire la suite ici.
Retrouver tous les portraits #BnFattitude ici.

 
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
💬 ON RETOURNE AU LYCÉE pour écouter les espoirs et états d'âme d'adolescents filmés en 2013 par Bertrand de Solliers et Paule Muxel dans L'Excellence et le doute. Un documentaire à regarder ici.
🎥 ON RESPIRE UN GRAND COUP avant de regarder Accouche !, film-collage de 1977 dans lequel Ioana Wieder mêle témoignages de femmes évoquant leur expérience de l'accouchement et voix d'écrivaines. À voir ici.
🌲 ON SE PROMÈNE DANS LES BOIS avec le cinéaste Armand Chartier qui a filmé les métiers de l'exploitation forestière et la manière dont les forêts ont été redessinées au cours des Trente Glorieuses. Une sélection à retrouver ici.
🔎 ON CHERCHE L'INTRUS. Un de ces livres n'existe pas (encore), saurez-vous le trouver ?
Prendre la parole sans stress
Prendre la parole sans préparation
Prendre la parole pour ne rien dire
Prendre la parole pour marquer les esprits

 
Rendez-vous samedi 25 novembre pour un prochain numéro où il sera question de noir & blanc et de thé de Ceylan. D'ici là, n'hésitez pas à nous dire ce qui vous a plu, dérangé ou intrigué dans La Pause BnF en répondant à ce courriel : nous sommes à l'écoute !
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Crédits : Delphine Seyrig et Ioana Wieder, photo Micha DellPrane, avec l'aimable autorisation du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir ; Capture d'écran du film de Paule Muxel et Bernard de Solliers, Le Centre de l'univers : bistrots et cafés en Auvergne. "Chez Maryse" ; Portrait #BnFattitude, par Béatrice Lucchese / BnF