Un éclat de rire tonitruant vient rompre le silence qui règne habituellement dans l'allée Julien-Cain. Hilare, une femme montre à sa compagne la Une du Point chaud imaginée en 2022 par Grandpamini sur son compte Instagram : « Non à la Culture Wok (on ne peut plus rien cuire !) » Plus loin, un petit groupe glousse devant les « atouts beauté de Simone de Bavoir » extraits de Salut les malins, parodie de Salut les copains publiée en 1974 par le magazine Actuel, tandis qu'un jeune homme lit à voix haute le slogan du Livaro (Actuel, 1976), inspiré de la célèbre citation de Beaumarchais qui orne la manchette du Figaro : « Sans la liberté de flatter, il n'est pas de purée valable. » Depuis quelques semaines, l'exposition Pastiches de presse, en accès libre et gratuit sur le site François-Mitterrand, donne à voir plus de 200 pastiches et parodies de presse, du XIXe siècle à nos jours. Ces faux journaux pour rire, véritables antidotes à l'esprit de sérieux, invitent à un vagabondage aussi drôle qu'instructif dans les collections de presse de la Bibliothèque, du Journal des dégâts à Flemme actuelle en passant par La Croax ou Laberration. C'est ce qu'expliquent ici les commissaires de l'exposition : en mettant à nu la rhétorique médiatique, en moquant les puissants, les pastiches se confrontent aux débats de société, aux conflits et aux crispations de l'époque qui les voit naître. À travers eux se raconte aussi une histoire de la presse et du rire en France. Une expo qui remue les méninges, à visiter en se tenant les côtes, donc.

 
On se demandait : vous reprendrez bien un pastiche ?
Figurez-vous que, comme le rappelle ici l'historien de la littérature Paul Aron, le mot pastiche vient de l'italien pasticcio qui désigne une spécialité culinaire méditerranéenne mêlant des restes de légumes ou de viandes. Si vous avez un petit creux après l'exposition Pastiches de presse, vous trouverez de quoi vous rassasier dans Gallica, avec une sélection de parodies de journaux trouvées dans les collections numérisées de la BnF. Il y en a pour tous les goûts et tous les publics : Le Système D s'adresse aux débrouillards, La Vie en rose aux optimistes, Le Cochon aux « gens sales », Le Trottoir libre aux « hommes coureurs et femmes courues », Le Petit Exilé illustré aux têtes couronnées, Le Nihiliste aux « propres-à-rien », Le Croque-mort aux « refroidis », ou encore Le Journal des maquillées aux « femmes de mauvaise mine »... Vous pourrez vous livrer à une chasse aux aptonymes - ces noms et prénoms reflétant une caractéristique ou une occupation de la personne qui le porte (à l'image de maître André Perpète, avocat, ou du Dr. Molaire, chirurgien-dentiste). Ils sont fréquents dans la presse pastichée et on en compte au moins deux à la Une du Cochon : saurez-vous les retrouver ?
 
« Quant à nos opinions politiques, elles se résument à ces deux mots : le trône ! »
C'est Le Journal des merdeux qui le proclame dans son unique numéro rédigé par Jules Jouy en 1882. À voir dans l'exposition Pastiches de presse ou à lire en ligne ici.
 
Vous venez ?
📆 Mardi 13 juin I Catel
L'autrice Catel, qui a consacré de nombreuses bandes dessinées à des figures de femmes comme Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges ou Joséphine Baker, intervient dans le cadre du cycle de masterclasses En lisant, en écrivant. Elle y évoquera son rapport à la création au micro de Mélanie Chalandon. Réservez vos places ici ou suivez la séance en direct sur notre chaîne Youtube.

📆 Mercredi 14 juin I La presse pastichée et les années 1970
Dans les années 1970, le magazine mensuel Actuel a parodié la plupart des journaux de l'époque. Un de ses membres, Yves Frémion, reviendra sur la pratique du pastiche de presse avec François Gèze, membre du COBA (Comité pour le boycott de l'organisation par l'Argentine de la Coupe du monde de football) qui a publié en 1978 une parodie de L'Équipe, L'Épique. En savoir plus ici.
📆 Jeudi 15, mardi 20 et jeudi 22 juin I Autour de l'exposition Degas en noir et blanc
À l'occasion de l'exposition Degas en noir et blanc, qui se tient sur le site Richelieu jusqu'au 3 septembre prochain, plusieurs conférences proposent d'éclairer l'intérêt constant de l'artiste pour le noir et blanc dans sa pratique de l'estampe, de la photographie, du dessin ou de la peinture. Retrouvez toute la programmation ici.
📆 Jeudi 15 juin I Le livre au crible
En partenariat avec le master Métiers du livre et de l'édition de l'université Paris Nanterre, la BnF propose une après-midi de réflexion sur la critique de livres. Réservez vos places ici ou suivez les débats en direct sur notre chaîne Youtube.
📆 Vendredi 16 juin I La « Renaissance fusillée » en Ukraine
Dans le cadre d'un cycle de rencontres consacré à la nation ukrainienne, une après-midi d'étude revient sur les grandes figures de la littérature ukrainienne des années 1920 réprimées par les Bolchéviques. En clôture, le film documentaire Slovo House de Taras Tomenko sera projeté. En savoir plus ici.

📆 Lundi 19 juin I Concert : Saint-Saëns, Poulenc, Dutilleux
Écouter deux inédits d'Henri Dutilleux sous la sublime verrière de la salle Ovale, c'est possible ! Jérôme Guichard au hautbois et Aline Piboule au piano interpréteront Au gré des ondes  et la Sonate pour hautbois et piano, ainsi que plusieurs pièce majeures de Saint-Saëns, Poulenc et Antoni Szatowski. En savoir plus ici.

 
#BnFattitude
Il vient à la Bibliothèque une ou deux fois par semaine. Il a sa carte, mais il s'installe dans le déambulatoire quand il lit le Canard enchaîné. Il rit de temps en temps et il ne veut pas déranger... Lire la suite ici.
Retrouver tous les portraits #BnFattitude ici.

 
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
💀 ON RIT JAUNE, ou rouge, ou même vert, en savourant l'humour macabre de L'Autre monde, journal des trépassés, imprimé à la fin du XIXe siècle sur papier noir avec des encres de différentes couleurs. À découvrir ici.
🎧 ON SE BIDONNE avec Clémentine Mélois : son Journal de confinement (qui titrait à la Une « Doit-on prendre des mesures pour avancer l'heure de l'apéritif ? ») est présenté dans l'exposition Pastiches de presse. Elle raconte ici comment le pastiche lui permet de « faire passer des vacheries ».
📰 ON SE MARRE en lisant Le Petit Thébain, journal trouvé dans le tombeau de Toutânkhamon, que le blog Gallica a décrypté pour vous. À retrouver ici.
🕵️ ON CHERCHE L'INTRUS. Un de ces titres de presse pastichée n'existe pas (encore), saurez-vous le trouver ?
Seum actuel
Râleurs actuels
Flemme actuelle
Malheurs actuels
 
Rendez-vous samedi 24 juin pour un prochain numéro où il sera question d'Edgar Degas et de poêlée de rutabagas. D'ici là, n'hésitez pas à nous dire ce qui vous a plu, dérangé ou intrigué dans La Pause BnF en répondant à ce courriel : nous sommes à l'écoute !
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Crédits : Exposition Pastiches de presse sur le site François-Mitterrand, photo Élie Ludwig / BnF ; Extrait du Cochon, 1er janvier 1885 ; Portrait #BnFattitude, par Béatrice Lucchese / BnF