« Que c'est curieux, on résiste victorieusement aux larmes, on se "tient" très bien, aux minutes les plus dures. Et puis quelqu'un vous fait un petit signe amical derrière une vitre, - on découvre, fleurie, une fleur encore fermée la veille, - une lettre tombe d'un tiroir, - et tout tombe. » C'est ainsi que Colette décrit, dans la correspondance avec son amie Marguerite Moreno, le chagrin qui la saisit quand elle retrouve par hasard une des dernières lettres de sa mère, « écrite au crayon, avec des mots inachevés, et remplie déjà de son départ ». Cette mère, Sidonie Landoy, dont Colette disait qu'elle était le personnage le plus important de sa vie, est aussi une figure centrale de son œuvre, de La Maison de Claudine (1922) à Sido (1929) en passant par La Naissance du jour (1928). Emmanuelle Lambert le rappelle dans le dernier numéro de Chroniques : « Colette l'écrit à longueur de livres, elle admire Sido, elle lui doit le goût de la lecture, de la sensation, l'exigence, l'émerveillement devant le vivant (animal ou végétal), l'indépendance d'esprit. L'obstination à vivre. Et sans doute, la liberté, dans la vie comme dans l'écriture. » Le manuscrit de Sido, relié dans la toile d'une robe bleue brodée d'épis blancs ayant appartenu à cette mère tant aimée, est aujourd'hui conservé dans les collections de la BnF. Le 15 mai, il sera exposé dans la salle des Manuscrits et de la musique, sur le site Richelieu, le temps d'une soirée au cours de laquelle Julie Sicard de la Comédie-Française en lira des extraits. En attendant, ce numéro spécial Colette de La Pause BnF vous invite à vagabonder sur les traces de celle qui fut aussi critique dramatique, rédactrice de mode, chroniqueuse judiciaire et... grande amatrice de café au lait.
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