Votre regard se perd dans les frondaisons du jardin-forêt du site François-Mitterrand, où l'on perçoit les prémices du printemps à venir. Vous tournez la tête et c'est une autre forme de frémissement qui vous happe : des instantanés saisis à travers deux décennies d'une vie de famille que l'on devine traversée par des joies et des deuils, des moments de plénitude, de fracture et de chagrin. Sur les cimaises de l'allée Julien-Cain se déploie « En vie », une sélection d'une quarantaine de photographies de Julien Magre que vous pouvez voir jusqu'au 12 mars prochain dans le cadre de l'exposition La Photographie à tout prix. Une année de prix photographiques à la BnF. « Spectateur de [sa] propre intimité », le photographe y documente son quotidien, à travers les portraits de sa femme et de ses enfants. « Il photographie "droit", sans ambages », explique Philippe Guionie, qui l'a parrainé pour l'obtention du prix Niépce 2022 : « Je n'avais jamais rencontré Julien Magre [...] et pourtant, les photographies de sa famille m'étaient déjà presque toutes familières. Caroline, Julien, Louise, Suzanne, Paul étaient devenus comme des identités de proximité. Je ressentais et je ressens toujours un étrange et doux sentiment d'appartenance. Cette famille est aussi quelque part la mienne. N'est-ce pas la force de la photographie de rendre familier ce qui ne l'est pas, de rendre accessible ce qui est lointain, de rendre immenses les choses minuscules. »
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