Parmi les livres qui ont accompagné votre enfance ou celle des personnes qui vous sont proches, il y en a forcément un signé de Tomi Ungerer. S'agit-il du Géant de Zéralda ou des Trois Brigands, deux histoires de petites filles qui ne se laissent pas impressionner par leurs ravisseurs ? Fait-il partie de la série dédiée à des animaux mal aimés et jusque-là absents de la littérature jeunesse comme Crictor le boa constrictor, Émile la pieuvre ou Rufus la chauve-souris ? Ou bien avez-vous grandi avec Pas de baiser pour Maman, dans lequel Jo Chattemitte résiste aux effusions maternelles en hurlant : « Des baisers ! Toujours des baisers ! [...] Des baisers pour dire bonjour, bonsoir et merci ! Des baisers humides et poisseux, toujours des baisers ! »

Tomi Ungerer (1931-2019) a publié en un demi-siècle pas loin de 140 ouvrages dont la liste est détaillée dans une bibliographie du Centre national de littérature pour la jeunesse à retrouver ici. En mai 1996, il était venu à Paris pour une journée d'études consacrée à son œuvre. Dans un entretien retranscrit ensuite dans la Revue des livres pour enfants, il avait déclaré : « Je pense qu'on devrait prendre plus de risques avec les enfants. Pourquoi s'imaginer que les enfants sont de petits imbéciles ? Ils peuvent très bien comprendre les choses... Il faut toujours mettre les enfants au-dessus de leur niveau. Ne pas les rapetisser. » En franchissant les frontières des publics et des conventions, en offrant des albums audacieux aux enfants du monde et aux adultes qui les regardent grandir, Tomi Ungerer a contribué à révolutionner la littérature pour la jeunesse. Pour lui rendre hommage, la BnF accueille jeudi 17 novembre la première journée du colloque Tomi Ungerer, saute-frontières (1931-2019) qui sera également diffusée sur la chaîne YouTube de la Bibliothèque.

 
On se demandait : fromage ou dessert ?
C'est simple, il y a trois façons de répondre à cette question, lesquelles révèlent chacune une sensibilité spécifique, une manière d'être au monde. La première consiste à faire un choix tranché, en abandonnant le dessert au profit du fromage (ou l'inverse). La seconde consiste à refuser de choisir, en optant pour les deux, fromage et dessert, ou en se privant des deux, couic, nada, rien du tout. La troisième, plus singulière, est la solution adoptée par l'écrivain François Caradec. Dans l'œuvre de ce membre de l'Oulipo et du Collège de Pataphysique, à côté de plusieurs biographies de référence comme celles d'Alfred Jarry, de Raymond Roussel, d'Alphonse Allais ou encore de Jane Avril, on trouve en effet un texte d'une demi-douzaine de pages, intitulé Fromage ou dessert ?

Publié en 1987 dans le numéro 37 de la Bibliothèque oulipienne (et conservé dans les archives du fonds Oulipo), ce texte explore l'hypothèse suivante, exposée en préambule : « Peut-être, si l'on réunissait toutes les phrases interrogatives, toutes les questions posées de par le monde, depuis que le monde est monde, finirait-on par entendre une réponse ? » Le titre « Fromage ou dessert ? » constitue ainsi la première d'une série vertigineuse de questions qui vont des plus triviales (« T'as vu l'heure ? », « Où sont passées mes pantoufles ? », « Allô ? ») aux plus existentielles (« Grand Dieu, pourquoi suis-je moi ? », « Qui nous guérira de vivre ? »), en passant par des allusions aux classiques de la littérature (« Las, où est maintenant ce mépris de fortune ? », « Doukipudonktan ? »). « Fromage ou dessert ? », mère de toutes les questions, ouvre ainsi la voie à une expérience philosophique intense dont vous vous souviendrez la prochaine fois que vous aurez en main la carte du menu de midi à 15,90 €.

 
Entendu à la BnF
« Déménager sa yourte à dos de yack, c'est un peu comme déménager son appartement à mobylette : dangereux, pénible et plein de surprises. »
C'est l'anthropologue Grégory Delaplace qui l'a dit, le 15 mars 2018, à l'occasion d'une conférence intitulée Petit précis de géographie nomade : habiter en Mongolie aujourd'hui. Voir la vidéo ici.
 
Vous venez ?
📆 Lundi 14 novembre I Jouer Molière
Y a-t-il une manière moliéresque de jouer la comédie ? Une voix particulière à adopter ? Une façon d'occuper la scène ? Une corporalité spécifique ? Pour répondre à ces questions, le comédien Philippe Caubère et la metteuse en scène Julie Deliquet se sont donné rendez-vous dans la salle Ovale du site Richelieu. Réservez vos places ici
📆 Vendredi 18 novembre I Droit(s) et presse
Juristes, conservateurs des bibliothèques et professionnels de la presse se rassemblent pour une journée consacrée aux questionnements juridiques qui entourent la publication de la presse. L'événement, qui a lieu sur le site François-Mitterrand, est aussi diffusé sur la chaîne YouTube de la BnF. En savoir plus ici
📆 Samedi 19 novembre I Trois femmes sous le regard d'Esther Hoffenberg
La réalisatrice et productrice Esther Hoffenberg, qui a fait don de ses archives à la BnF, présente trois de ses films documentaires, consacrés à trois femmes dont les destins singuliers, sous son regard, se font curieusement écho : Eva, sa propre mère, la productrice et présentatrice de télévision Denise Glaser et l'actrice Bernadette Lafont. En savoir plus ici.
📆 Mardi 22 novembre I La langue des signes française et le livre
La langue des signes française, tardivement reconnue et longtemps bannie de l'enseignement français, n'est pas étrangère au monde du livre. Chercheurs, enseignants, artistes, archivistes explorent en un après-midi d'études les rapports en la LSF et la culture écrite. En savoir plus ici.
📆 Mercredi 23 novembre I Pierre Guyotat et l'Algérie
Dans le cadre des célébrations du soixantième anniversaire de la fin de la Guerre d'indépendance algérienne, la BnF accueille la première partie du colloque international sur l'œuvre et la vie de Pierre Guyotat. Il y sera notamment question de son rapport à l'Algérie - pays qui tient une place majeure dans le parcours de l'écrivain. En savoir plus ici.
 
#BnFattitude
Il a un ordinateur portable mais écrit dans un cahier, il paraît inspiré, on l'imagine poète. En réalité, il prépare un oral blanc qu'il doit présenter le lendemain. Il a 20 ans, il fait un BTS en alternance en transport et logistique. Lire la suite ici.

Retrouver tous les portraits #BnFattitude ici
 
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
🏨 ON SE COUCHE DE BONNE HEURE pour aller voir l'exposition que la BnF consacre à Marcel Proust sur le site François-Mitterrand. Vendredi 18 novembre, à l'occasion du centenaire de la mort de l'écrivain, l'entrée est libre et gratuite. En savoir plus ici.
⌛ ON REGARDE LE TEMPS QUI PASSE ou on explore la bibliographie du CNLJ sur le passage du temps dans les livres pour enfants, qui contient une sélection d'ouvrages offrant une introduction de l'œuvre de Proust auprès des plus jeunes. À télécharger ici.
📱 ON SE LANCE DANS LA LECTURE DE LA RECHERCHE au format ePub : plus d'excuses, vous pouvez lire Proust sur votre liseuse, votre tablette ou votre smartphone grâce à Gallica. Téléchargez Du côté de chez Swann ici.
🕵 ON CHERCHE L'INTRUS. Un de ces livres n'existe pas (encore), saurez-vous le trouver ?
Les Rillettes de Proust
La Chaussette de Proust
Le Plaid de Proust
Les Pantoufles de Proust
 
Rendez-vous samedi 26 novembre pour un prochain numéro où il sera question d'oiseaux, de joyaux et de jeux vidéo. D'ici là, n'hésitez pas à nous dire ce qui vous a plu, dérangé ou intrigué dans La Pause BnF en répondant à ce courriel : nous sommes à l'écoute !
Un ami proustophile vous a transmis cette lettre ?
Abonnez-vous à La Pause BnF

Crédits : Couvertures des livres de Tomi Ungerer, photo Elie Ludwig / BnF ; Portrait #BnFAttitude, photo Béatrice Lucchese / BnF